Les gouvernements marocain et espagnol tâcheront de donner une nouvelle impulsion aux relations bilatérales lors d'un sommet de haut niveau, après une période marquée par plusieurs incompréhensions. Attendu le 17 décembre prochain au Maroc, le premier ministre espagnol Pedro Sanchez effectuera une visite officielle où il va présider aux côtés de son homologue marocain, Saad Eddine El Othmani, une réunion bilatérale de haut niveau. Une visite qui intervient dans un contexte sensible où les deux voisins semblent traverser une période nébuleuse marquée par des divergences sur différents sujets. Censée dissiper les nuages sur le ciel des relations Maroco-espagnoles et renforcer la coopération bilatérale, la visite du Chef du gouvernement du voisin ibérique ne sera pas une rencontre aussi cordiale qu'elle ne parait être. Les responsables des deux pays n'échapperont pas à l'obligation d'aborder les sujets qui fâchent. D'ailleurs, ils n'en manquent pas. Les frontières maritimes au Sahara :il est temps de dialoguer L'affaire de la délimitation des frontières maritimes dans la zone sud du Maroc sera au cœur des discussions. Cette entreprise marocaine légitime visant à définir juridiquement la souveraineté du Maroc sur les zones maritimes du Sud a installé une certaine gêne entre les deux pays. Dès que le Parlement avait adopté deux lois établissant sa souveraineté sur les eaux territoriales, l'Espagne a accueilli la nouvelle avec une certaine suspicion et inquiétude sans le montrer officiellement. La ministre des affaires étrangères espagnole Arancha Gonzalez Laya a appelé à la concertation et au dialogue, tout mettant en garde contre tout action unilatérale. Ceci a fait couler beaucoup d'encre chez une partie de la classe politique du voisin ibérique, qui n'a pas caché son mécontentement comme le Parti d'extrême droite Vox. Lequel a crié au scandale. Le sommet prévu de 17 décembre qui se tiendra à Rabat, sera l'occasion de clarifier les choses entre Pedro Sanchez et Saad Dine El Othmani. Ils devront se mettre d'accord sur un traçage définitif, sachant que l'Espagne voudra conserver ses eaux territoriales des iles canaries. Migration clandestine : l'éternel casse-tête La question migratoire sera également inscrite à l'ordre du jour, et notamment le contrôle des flux irréguliers. Plus de 12 700 migrants clandestins sont arrivés aux îles Canaries du Sud du Maroc, avait indiqué le gouvernement local. En outre, la question des mineurs isolés est l'une des préoccupations majeures des deux pays sachant que 5 500 mineurs marocains se trouvent en Espagne d'après les chiffres des Nations unies. Sebta et Melilia Depuis le début de la pandémie, les frontières avec les villes occupées de Sebta et Mellilia ont été fermées provoquant une chute drastique de leur activité économique et l'arrêt de la contrebande qui fait nourrir plusieurs familles du côté marocain. Outre cela, les travailleurs transfrontaliers, qui vivaient d'emplois installés dans ces deux villes, n'ont plus aucune source de revenu. Il s'agit d'une situation qui provoque le malaise des deux côtés. Apaiser la tension commerciale L'Espagne a failli déclencher une guerre commerciale quand elle a appliqué une franchise carburant aux transporteurs marocains en infligeant des amendes aux camionneurs marocains ayant une réserve de carburant supérieure à 200 litres. Le Maroc a aussitôt riposté en durcissant le contrôle des semi-remorques espagnols au port Tanger Med. Quoique la situation semble se calmer après que l'Espagne ait suspendu sa franchise, les gouvernements des deux pays sont appelés à trouver un règlement définitif à ce malentendu. En somme, cette rencontre bilatérale revêt une importance particulière puisqu'elle déterminera le futur des relations bilatérales de deux pays contraints à coopérer par la géographie.