L'enveloppe paraît certes conséquente pour soutenir les prix du gaz butane et des produits alimentaires (sucre et farine de blé tendre). Mais dans un contexte de crise sanitaire, les plus démunis sont durement touchés face à la flambée des prix sur le marché et les plus riches continuent à profiter de la compensation. La mise en place du Registre Social Unique n'étant pas pour demain. Faut-il se réjouir de l'enveloppe allouée à la Caisse de compensation qui est d'une dotation globale de 12,54 milliards de dirhams (MMDH) dans le contexte de crise sanitaire ? Côté gouvernement, on ne peut que se frotter les mains, profitant de la baisse du prix du carburant à l'international alors que chez les citoyens, les consommateurs finaux, l'attente est de loin d'être satisfaite. Il faut dire que l'arrêt de l'activité économique a fortement touché le portefeuille des ménages. Car ce sont les plus démunis qui subissent de plein fouet les conséquences de cette pandémie, d'autant plus que tout augmente sur le marché, même si cette enveloppe est destinée à soutenir les prix du gaz butane et des produits alimentaires (sucre et farine de blé tendre). La pandémie devrait-elle être l'occasion pour le gouvernement d'augmenter la compensation, compte tenu de la réalité économique des ménages ? Beaucoup d'analystes le pensent réellement. C'est le cas M.K, qui a requis l'anonymat. « Si l'on voit l'évolution de la Caisse de compensation, on a l'impression que l'Etat se désengage petit à petit de dossier. La baisse des montants d'année en année en dit long sur cette tendance », fait-il remarquer. Diminution en règle Ses dires corroborent les données du ministère de tutelle puisqu'il s'agit du soutien du pouvoir d'achat du citoyen. D'ailleurs, la charge de la subvention du gaz butane s'est située à 6,02 MMDH à fin juillet, soit une diminution de 10% due essentiellement à la baisse des cours du gaz butane et de la subvention unitaire de 13% au cours cette période. S'agissant de la charge de compensation relative au sucre, aussi bien en quantités qu'en valeur, elle a diminué de 6% à 1,94 MMDH (684.282 tonnes). Dans le même sillage, en 2020, la Loi de finances a programmé une enveloppe de 13,64 MMDH au titre de la compensation, destinée à soutenir les prix du gaz butane, du sucre et de la farine nationale de blé tendre. Pourquoi l'Exécutif ne profiterait-il pas de cette « embellie » pour élever le plafond de la compensation ? Peut-on se demander. Ce qui pourrait, sans aucun doute, influer sur le pouvoir d'achat des ménages. Ceux-ci ont le moral au plus bas. A ce sujet, le dernier rapport du HCP sur l'indice de confiance des ménages (ICM) vient conforter l'idée que le gouvernement est appelé à en faire davantage. A ce titre, les résultats de l'enquête permanente de conjoncture auprès des ménages, montrent globalement que la confiance s'est fortement dégradée au troisième trimestre de 2020. Elle est à son niveau le plus bas depuis le début de l'enquête en 2008. Craintes fondées L'indice de confiance des ménages (ICM) s'est ainsi établi à 60,6 points, au lieu de 65,6 points enregistrés le trimestre précédent et 74,8 points une année auparavant. Pire, selon le HCP et au cours des 12 prochains mois, 41,5% des ménages s'attendent à une dégradation du niveau de vie (34,3 %) à un maintien au même niveau et 24,1% à une amélioration. Le solde d'opinion relatif à cet indicateur atteint moins 17,4 points, en baisse aussi bien par rapport au trimestre précédent que par rapport au même trimestre de l'année précédente où il enregistrait respectivement moins 11,4 points et moins 3,7 points. Cette tendance est la suite logique de la situation qui prévaut actuellement. Puisqu'au troisième trimestre de 2020, 55% des ménages déclarent une dégradation du niveau de vie au cours des 12 derniers mois, 25,6% un maintien au même niveau et 19,4% une amélioration. Le solde d'opinion sur l'évolution passée du niveau de vie est resté négatif, à moins 35,6 points, contre moins 24,8 points au trimestre précédent et moins 20,2 points au même trimestre de l'année passée. Face à ce dilemme, d'un côté le gouvernement qui annonce un soutien massif au pouvoir d'achat du citoyen et de l'autre des ménages qui se demandent comment s'en sortir, que faut-il faire ? L'idéal serait de se saisir du calme, qui règne sur le marché des hydrocarbures, pour augmenter l'enveloppe de compensation ou du moins procéder à une meilleure redistribution en attendant la remontée des prix. Car ce sont toujours les plus riches qui en profitent. D'autant plus que l'opérationnalisation du Registre Social Unique n'est pour demain.