Faute de consensus, Moustapha Adib a renoncé à former un nouveau gouvernement. Les protagonistes se jettent la responsabilité de l'échec. «Je m'excuse de ne pas pouvoir poursuivre la tâche de former le gouvernement», a déclaré Moustapha Adib lors d'un point de presse au palais présidentiel, présentant ses excuses aux Libanais pour son «incapacité» à réaliser leurs «aspirations à un gouvernement réformiste». Mais «alors que les efforts pour former le gouvernement touchaient à leurs fins, il m'est apparu clairement que ce consensus n'existait plus», a justifié Adib. Les partis politiques libanais s'étaient engagés début septembre, lors de la visite du président français Emmanuel Macron, à former un cabinet «de mission» composé de ministres «compétents» et «indépendants» dans un délai de deux semaines pour sortir le pays du marasme économique. De son côté, le président Michel Aoun a «accepté» le renoncement de Adib, affirmant qu'il «prendra(it) les mesures appropriées conformément aux exigences de la Constitution». Le chef de l'Etat doit à présent mener des consultations parlementaires pour désigner un nouveau Premier ministre. «L'initiative lancée par le président français Emmanuel Macron est toujours en cours et bénéficie de tout mon soutien», a assuré M. Aoun en référence à la feuille de route mise en place par Paris pour la sortie de crise. Le chef du Parlement, Nabih Berri, considéré comme l'un des principaux acteurs ayant empêché l'aboutissement du processus de formation, a également salué l'initiative du président Macron. «Personne n'adhère autant que nous à l'initiative française, mais il y a ceux qui l'ont noyée», a-t-il affirmé, renvoyant la balle dans le camp adverse. L'ancien premier ministre Saad Hariri a indiqué regretter le renoncement du premier ministre désigné Mustapha Adib à former le prochain gouvernement. Il estime que les hommes politiques libanais ont ainsi montré leurs incapacités respectives à gérer le Liban. Par un communiqué publié par son bureau de presse, il estime que Mustapha Adib a failli à cause des parties prenantes responsables de l'obstruction de ses efforts à former son cabinet. Selon lui toujours, "il n'est pas nécessaire de les nommer parce qu'ils se sont révélés eux même sur le plan interne et à la communauté internationale" y compris à ceux qui se sont déplacés au Liban suite à l'explosion du port de Beyrouth. Ceux qui se réjouissent de la chute de l'initiative du président français Emmanuel Macron se mordront les doigts de regret pour avoir gaspillé une occasion exceptionnelle de mettre un terme à l'effondrement économique et d'engager des réformes. Geagea applaudit l'échec d'Adib Le dirigeant des forces libanaises a publié un communiqué, félicitant le premier ministre désigné Mustapha Adib pour sa démission, estimant "qu'il a traduit ses convictions face à son inaptitude à former un gouvernement". Mes chaleureuses félicitations au Premier ministre Adib, même si nous ne l'avions pas nommé, car il est le premier responsable libanais à démissionner lorsqu'il a vu une incapacité à traduire ses convictions Le dirigeant des Forces Libanaises estime que cette démission pourrait ouvrir la voie à un sauvetage induit par un gouvernement réellement indépendant. La nomination de ministres par les partis du groupe au pouvoir actuel a prouvé son échec, nous conduisant là où nous en sommes aujourd'hui. (...) Désormais, il ne sera plus possible de penser à un gouvernement sans résoudre les raisons pour lesquels Adib s'est excusé . Joumblatt : un péché envers les Libanais Le dirigeant du Parti Socialiste Progressiste (PSP) Walid Joumblatt a pour sa part estimé, sur les ondes de la télévision Al Jadeed, que les partis responsables de l'obstruction de la formation du prochain gouvernement d'avoir commis un péché visà-vis du peuple libanais. Ce qui s'est passé est un péché contre les Libanais. Tous ceux qui ont aidé à conduire la mission d'Adib vers sa démission en portent la responsabilité. Tout le monde est sous le choc maintenant.