David Davies, porte-parole du Parti Conservateur (opposition) pour les questions de l'Intérieur, a démissionné jeudi de son poste de député à la chambre des Communes (chambre basse du parlement) pour protester contre ce qu'il a qualifié d'"érosion des libertés civiles" au Royaume-Uni. David Davies, âgé de 59 ans et l'un des députés les plus influents de l'opposition conservatrice, a qualifié, dans une déclaration à la presse, sa démission de "geste noble" et de tentative de mettre fin à l'érosion des libertés civiles britanniques. L'annonce de la démission du député a été accueillie avec un grand étonnement par les milieux politiques et médiatiques britanniques, d'autant plus que David Davies est considéré comme l'un des membres les plus connus des Communes. Il sera remplacé au poste de Porte-parole du Parti pour les questions de l'Intérieur par Dominic Grieve, actuel Porte-parole pour les questions de la Justice. La démission est intervenue au lendemain de l'adoption à l'arrachée par la chambre des Communes d'un projet de loi controversé, prévoyant de porter la durée de détention sans inculpation de présumés terroristes de 28 à 42 jours. Par cette démarche, David Davies entend susciter un débat national sur la question des libertés au Royaume-Uni et sur les mesures sécuritaires introduites par le gouvernement travailliste. "Au moins, mes électeurs et la nation toute entière auront l'opportunité de débattre de l'une des questions les plus fondamentales de nos jours, à savoir le pouvoir intrusif de l'Etat, la perte de liberté et l'érosion continue qui porte atteinte à l'Etat de droit", a dit Davies. Le projet de loi antiterroriste, proposé par le Premier ministre Gordon Brown, a été approuvé mercredi soir par 315 députés contre 306, soit une majorité de neuf voix. Le gouvernement britannique a pu remporter cette victoire grâce notamment au Parti démocrate unioniste nord irlandais (DUP), dont les neuf députés ont voté en faveur du projet de loi. La défaite du Premier ministre Gordon Brown semblait inévitable surtout que 30 députés de sa propre formation travailliste ont voté contre le texte. Selon la presse britannique, le DUP a choisi de soutenir le gouvernement en contrepartie d'avantages financiers au profit de l'Ulster. En 2005, ce parti avait voté contre un projet de loi similaire, présenté par l'ancien Premier ministre Tony Blair pour porter la durée de garde à vue de présumés terroristes à 90 jours, infligeant au Parti travailliste sa première défaite au Parlement depuis son arrivée au pouvoir en 1997. Lors de sa conférence de presse mensuelle tenue jeudi, Gordon Brown a tenté, tant bien que mal, de démentir les informations rapportées par la presse sur un accord secret passé avec le DUP. Le texte a fait l'objet de critiques acerbes de la part de nombreuses organisations britanniques et internationales de défense des droits humains, qui y ont vu une nouvelle atteinte aux droits de l'homme et aux principes de liberté. Pour obtenir l'adoption du projet de loi aux Communes, le gouvernement Brown a été acculé à faire plusieurs concessions, en introduisant des amendements au texte, dont une disposition prévoyant des indemnisations au profit de personnes soupçonnées de terrorisme qui ne sont pas inculpées au terme de leur détention préventive.