L'Association de lutte contre le Sida (ALCS) fait le point sur l'impact du nouveau coronavirus sur les personnes vivant avec le VIH (PVVIH). A la sa 7e semaine de confinement liée à la crise sanitaire du coronavirus, l'ALCS souligne dans un communiqué qu'aucune donnée scientifique ne permet d'affirmer que les PVVIH sont plus exposées au risque d'acquisition du Covid-19, ni qu'elles développeront une forme plus grave de l'infection. L'Association recommande aux personnes concernées de suivre les mêmes précautions que la population générale. L'ONG précise que les personnes vivant avec le VIH (PVVIH) ayant une charge virale indétectable et aucune maladie concomitante ne sont pas plus exposées au coronavirus que les personnes séronégatives. Par contre, prévient l'ALCS, les personnes – qui vivent avec le VIH et qui souffrent de comorbidité (maladies cardiovasculaires, diabète, insuffisance respiratoire chronique, etc.) ou d'immunodéficience – sont davantage exposées et fragilisées en cas d'infection au Sars-Cov-2. « Ces personnes devront donc être encore plus prudentes que les autres et respecter scrupuleusement toutes les mesures barrières pour se protéger : confinement, port de masque, lavage des mains, distanciation physique, etc. », détaille l'Association. Et d'ajouter que dans tous les cas, les PVVIH doivent continuer de prendre régulièrement, et comme d'habitude, le traitement contre le VIH ainsi que le traitement contre les maladies associées (lorsque c'est le cas). Pas d'inquiétude pour l'accès au traitement L'ALCS rappelle que le traitement antirétroviral (ARV) est dispensé gratuitement par le ministère de la Santé et, en temps normal, les PVVIH se rendent à l'hôpital où elles sont suivies pour effectuer les analyses de rigueur et récupérer leur traitement. L'ONG explique au'u regard des dispositions prises par les autorités sanitaires appelant au confinement à domicile, des mesures d'urgence ont été mises en place. Dans ce cadre, le ministère de la Santé a instauré dès le début de la crise sanitaire une procédure exceptionnelle, en partenariat avec l'ALCS, pour la dispensation des ARV. Cette procédure a ensuite été étendue aux centres pénitentiaires. Rôle central des médiateurs thérapeutiques et sociaux de l'ALCS L'ALCS met en lumière le rôle central de ses médiateurs thérapeutique et sociaux en ces temps de crise sanitaire. Pour les PVVIH déjà sous traitement et sans problème de santé particulier, désormais, ce sont les médiateurs thérapeutiques et sociaux de l'ALCS qui contactent les PVVIH et leur remettent à domicile, ou par voie de messagerie, leur traitement. Les PVVIH ont également la possibilité de contacter directement l'ALCS à travers les médiateurs thérapeutiques, le numéro vert de l'ALCS, sa page Facebook ou encore par courrier électronique ([email protected]). Ainsi, ces personnes, qui sont en bonne santé, n'ont plus besoin de se rendre à l'hôpital pour récupérer leur traitement, désengorgeant les services de soins pour les malades urgents ou dont l'état de santé est grave. Toutes ces mesures visent donc à assurer la dispensation des ARV, à réduire le risque d'abandon du traitement ARV, à réduire les déplacements des PVVIH au système de soin et minimiser ainsi le risque de contamination par le SARS-Cov-2. Dans les centres pénitentiaires, le médecin référent informe les médiateurs de l'ALCS des besoins en médicaments ; cette coordination permet un acheminement des traitements dans des conditions optimales. Financement L'ALCS explique qu'elle a pu étendre ses services grâce à l'apport de ses bailleurs historiques et à la contribution de ses salariés, ses militants et ses amis. Les fonds ainsi récoltés ont notamment financé l'acheminement du traitement, les frais de transport, les frais de télécommunication, l'aide alimentaire, etc. L'ONG souligne que le secteur privé a apporté des dons en nature : des véhicules pour acheminer les médicaments et l'aide alimentaire, des bons de carburant, des paniers alimentaires, des ambulances pour transporter les personnes vivant avec le VIH et dont la santé nécessitait une hospitalisation d'urgence, etc. « Malgré toute cette mobilisation, la question du financement de la prise en charge médicale et psychosociale des PVVIH se pose », prévient l'ALCS. L'ONG constate que les ressources au niveau international manquent déjà pour financer la lutte contre le VIH et les hépatites et se demande comment préserver les importants acquis réalisés jusqu'à présent dans la lutte contre le sida, tout en rendant disponibles des financements supplémentaires pour parer à la crise économique et sanitaire du Covid-19. Cartes de visite . L'ALCS a été créée en 1988 par Pr Hakima Himmich. C'est la première association du genre dans la région Afrique du Nord/ Moyen Orient poursuit comme objectifs la prévention de l'infection à VIH et des hépatites virales, en priorité à destination des populations les plus vulnérables, l'accès aux traitements et la défense des droits des personnes vivant avec le VIH. L'ONG a joué un rôle essentiel dans l'accès aux thérapies antirétrovirales, ce qui contribua à leur introduction au Maroc dès 1998 puis leur généralisation. L'ALCS poursuit son combat et continue de plaider pour l'accès aux génériques et la réduction des coûts des nouvelles molécules et des outils de diagnostic et de suivi. . Fondée en 2008 par ALCS (Maroc), AIDES (France), ARCAD Santé Plus (Mali) et COCQ-Sida (Québec), Coalition PLUS est un réseau international d'associations communautaires de lutte contre le sida et les hépatites dans 52 pays, auprès d'une centaine d'organisations de la société civile, en matière de dépistage communautaire, de renforcement de l'offre en santé sexuelle, de réduction des risques, de recherche communautaire, de plaidoyer et de renforcement de capacités (gestion financière, collecte de fonds,…).