Dans une note d'analyse élaborée par la cellule de crise mise en place dans le contexte de la crise sanitaire Covid-19, la Confédération Nationale du Tourisme (CNT) estime que les acteurs du secteur devront affronter une période très difficile jusqu'à Décembre 2020 (9 mois) et une reprise timide et graduelle à partir d'Avril 2021 avec une perte en devises estimée à 138 MMDH sur 3 ans. La CNT est catégorique : il devient urgent de mettre en place un dispositif de sauvegarde et de relance du secteur. De l'avis des professionnels, les mesures actuelles du CVE sont insuffisantes: « la reprise sera très lente de l'activité, pour n'atteindre le niveau de 2019 qu'en 2023 », prévient la CNT. Pis encore «Au cas où rien ne serait fait, le risque identifié serait une destruction importante du tissu économique et l'incapacité à recréer la chaîne de valeur d'un secteur vital pour l'emploi, la balance des paiements, les réserves en devises et donc les équilibres macro-économiques du pays », ajoute la CNT. Pour redresser la barre En tenant compte d'une hypothèse de déconfinement graduel à partir de fin mai 2020 avec une ouverture progressive des frontières en Septembre 2020, en fonction des conditions sanitaires des pays, la CNT met en place une feuille de route de relance et un dispositif de sauvegarde autour de trois axes : maintien de l'outil de production, maintien de l'emploi et la sauvegarde de la compétitivité. Sur le volet outil de production, la CNT propose une batterie de mesures. Il s'agit notamment du report de toutes les échéances de crédit pour les entreprises de 12 mois minimum au lieu des trois mois accordés dans le pack CVE, la suppression des frais et majorations liées au report des crédits et mise en place d'un dispositif spécifique aux acteurs du secteur permettant un déblocage rapide avec un taux préférentiel ne dépassant pas 2% et l'adaptation des conditions du produit Daman Oxygène avec une validité au-delà de décembre2020 et un relèvement du plafond de la ligne de trésorerie de 20% . Les professionnels recommandent aussi le report de toutes les déclarations et des paiements de toutes les obligations fiscales en particulier la TVA et les acomptes IS pour l'exercice 2020 dont l'activité sera largement inférieure à l'exercice précédent. Pour les travailleurs du secteur en perte de revenus, la CNT préconise le report des échéances bancaires pour les 5 prochains mois et le report des échéances eau et électricité à 2021. Concernant le maintien de l'emploi, on suggère une exonération des charges sociales et fiscales (IR,CNSS, ..) pour 12 mois pour les entreprises en activité qui maintiennent 80% des effectifs (contre 3 mois seulement accordés dans le pack CVE), la mise en place d'un dispositif spécifique pour la préservation des revenus des salariés, l'autorisation des entreprises qui conservent 80% des emplois à payer leur salarié sur la base du net et la défiscalisation des départs en retraites anticipées. Et pour sauvegarder la compétitivité, la CNT appelle à la mise en place d'une plateforme collaborative de distribution à destination du tourisme local, et le démarrage de la RAM en en mettant en place des lignes intérieures cet été et éviter l'engorgement des destinations classiques. Le tout avec une révision du calendrier des vacances scolaires pour étaler la saison. L'un des axes clés de relace demeure par ailleurs, la mise en place d'un budget de promotion pour stimuler la à la fois la demande locale et celle internationale. L'effort supplémentaire à prévoir est estimé à 1,7 MMDH soit 1,2 Milliards de Dhs pour la sauvegarde du secteur et 500 Millions de Dhs pour la relance. Ce budget permettra selon la CNT un redressement plus rapide permettant un gain cumulé estimé à 46 MMDH. Et pour conclure les professionnels soulignent que « la mise en place d'un plan et d'un budget pour la relance permettra de mobiliser les forces vives du secteur pour transformer la crise en opportunité et reprendre rapidement des parts de marchés auprès des pays émetteurs ».