Selon un rapport de l'UE, l'industrie agroalimentaire, particulièrement la transformation de produits alimentaires qui représente 25% du PIB industriel du Maroc, risque de subir un problème d'approvisionnement en intrants et en produits semi-finis. Dans le détail, l'UE prévient d'une part que les 2 000 unités agro-industrielles présentes au Maroc pourraient être amenées à rencontrer un problème d'approvisionnement en ingrédients et additifs – pour la plupart importée – utilisés par la quasi-totalité des filières dans leur processus de fabrication. Aussi, les chaînes de production des usines marocaines des fabricants de produits alimentaires risquent d'être perturbées en raison de la baisse des stocks de sécurité, naturellement peu élevés, de certains produits semi-finis, tel que le concentré de fruits à la base de la production des jus industriels, importé principalement de l'Union européenne. Pour le secteur agricole, les pronostics exprimés sont loin d'être optimistes. «L'annulation du Salon de l'Agriculture SIAM, prévu initialement pour avril, devrait coûter au segment des coopératives et des groupes économiques plus de 12 millions de DH de biens avec un risque de perte de chiffre d'affaires compris entre 60% et 80%. Puisque plusieurs petits agriculteurs profitent des promotions durant le Salon pour acquérir des machines et des équipements, le pôle machinerie pourrait perdre entre 30 et 50% de son chiffre d'affaires », note le rapport de l'UE. A noter que cette année le SIAM tablait sur 1 400 exposants représentant 65 pays. Cette édition prévoyait d'attirer 900 000 visiteurs et de créer 4 000 opportunités d'emploi. Un seul secteur qui pourrait bénéficier de cette conjoncture internationale : celui des fruits et légumes. Selon l'association des producteurs et exportateurs de fruits et légumes (APEFEL), les exportations de fruits et légumes vers l'UE sont actuellement en augmentation en raison du ralentissement de la production espagnole, portugaise et italienne. Les prix sont également en hausse comparativement aux conditions normales de marché. Cette hausse de la demande adressée au Maroc concerne une gamme importante de produits tels que les tomates, les courgettes, les poivrons…dans la catégorie légumes, et oranges, mandarines dans les fruits. Alors que l'APEFEL rassure sur la continuité des flux logistiques, certains producteurs font état de certaines perturbations de la chaîne car l'essentiel de l'export vers l'Europe se fait par camion. Pour toutes les activités du secteur, « il est attendu que les coûts augmentent, à la fois le coût de transport et le coût du travail de collecte et de conditionnement des fruits et légumes à cause du confinement », prévoit l'UE. Pour le transport de marchandises routier par exemple « La hausse de prix varie entre 50% et 75%, correspondant à un surplus variant entre 2 100 euros et 3 500 euros par livraison », ajoute la même source qui explique la situation par « le fait que les camions de transport international routier partent pleins du Maroc mais rentrent vides, à cause de la baisse de la demande des importateurs marocains et des perturbations de production en Europe et par la pénurie de chauffeurs professionnels sur le marché ».