Par Ahmed Charaï Le Président français était largement critiqué, parce qu'il ne s'était pas exprimé sur le communautarisme islamiste depuis son élection. Il a décidé de le faire en 3 étapes, la première étant sa visite à Mulhouse. Il a choisi un glissement sémantique : l'ennemi à combattre c'est le séparatisme et non pas le communautarisme. C'est un choix judicieux parce que les communautés qui respectent les lois de la république ne peuvent être attaquées, sauf à stigmatiser leurs membres. Emanuel Macron sait que ce sujet est explosif. Tous les populistes utilisent le phénomène pour mélanger l'islam, l'émigration, la simple xénophobie, le terrorisme et théoriser la néfaste vision apocalyptique du grand remplacement. A l'inverse, des quartiers-ghettos sont en dehors de la république, des courants irrédentistes ont réussi à s'y infiltrer, à imposer des règles rigoristes en matière de comportements sociaux, à proclamer la supériorité de ces prétendues règles à l'autorité du droit positif. Nier ces réalités, en se cachant derrière la victimisation sociale a ruiné la gauche française. L'extrême droite, prospère, elle, sur les peurs, les approches faciles, au point que dire que « le problème c'est l'islam et non pas l'islamisme » est devenu courant, stigmatisant plusieurs millions de français. C'est une ligne de crête difficile et Emanuel Macron s'y engage avec une prudence de sioux. Il circonscrit et nome les problèmes. L'autorité de l'Etat doit s'imposer, cela est clair dans son discours de Mulhouse. Le séparatisme doit être combattu. Dans ce qui doit être la première partie d'une trilogie, il a insisté sur le financement des mosquées, des associations sportives, culturelles…. Ce n'est pas le moindre des handicaps à l'émergence d'un islam français. La loi de 1905 sur la laïcité, prise au pied de la lettre ne permet pas de régler ce problème. Des pays étrangers financent et donc contrôlent les lieux de culte. Les imams sont formés à l'étranger, et parfois envoyés par des Etats pas du tout respectueux des valeurs qui fondent la France. Des édiles, des maires, pour contourner la loi, passent des accords clientélistes avec des associations liées à ces forces occultes. C'est un vrai souci pour la démocratie française qui voit des puissances étrangères, notamment la Turquie, mais aussi des pays du Golfe, installer des points d'ancrage par le biais d'une aide financière au culte. Le président Macron voudrait que les prêches soient en français, ce qui n'est en rien une atteinte à l'islam, puisque le Pakistan, la Malaisie, ou l'Inde, utilisent leur langue pour les prêches, de même en Allemagne, ou en Angleterre, parce que les musulmans ne sont pas tous arabophones. L'idée de cibler le séparatisme est très forte. Elle évite la stigmatisation et pointe du doigt les frontières. On attend les deux prochains développements promis. Les décisions politiques attendues doivent être courageusement assumées. En même temps, il faut une autre politique de la ville pour casser les ghettos. Si l'islam politique a réussi à s'inscrire dans « les territoires perdus » c'est aussi parce que les services publics les ont désertés. Le Président Français a raison, c'est une situation complexe.