Face au silence du gouvernement, les opérateurs du secteur agricole poursuivent leur mouvement de contestation. Eclairages. La vague des protestations agricoles les plus importantes de ce siècle entre dans sa cinquième semaine de mobilisations, après les tracteurs et les manifestations de masse des derniers jours, sans que le gouvernement ait présenté de mesures concrètes impliquant une injection d'argent dans la poche des agriculteurs. Pendant ce temps, le processus de négociation du cadre budgétaire de l'UE, dont dépendra le montant du fonds pour financer la politique agricole commune (PAC) entre 2021-2027, menace d'ajouter plus d'huile au feu, car très probablement les fonds de la politique susmentionnée subissent une réduction significative, entre 14% et 20% selon le dernier document. La plupart des Etats membres refusent non seulement de contribuer davantage aux caisses communautaires, mais souhaitent également réduireleurs contributions au fonds commun. Parallèlement, la Commission européenne et les Etats eux-mêmes souhaitent mettre en œuvre davantage de politiques, ce qui signifie qu'une redistribution des priorités des dépenses doit être entreprise. Et il n'y a que deux possibilités: réduire les budgets alloués aux fonds de cohésion et structurels, et ceux de la PAC, les postes qui représentent les deux tiers des dépenses totales. Le gouvernement a répondu aux demandes des agriculteurs par des propositions budgétaires vides du ministre de l'Agriculture; elles sont liées à la réforme de la loi de la chaîne alimentaire. Le deuxième vice-président, Pablo Iglesias (Podemos), et le ministre du Travail, Yolanda Díaz, également de Podemos, ont mené la semaine dernière une attaque libre contre le secteur, annulant à la dernière minute la participation des organisations agricoles ASAJA, COAG et UPA à une réunion avec les syndicats de travailleurs pour analyser la situation du PER en Andalousie et en Estrémadure. Cependant, au cours de ce dernier mois, l'Exécutif n'a pas été en mesure de répondre à certaines des demandes des trois organisations, y compris une réduction du coût des assurances sociales pour compenser la hausse du salaire minimum Interprofessionnel, la modification du système de tarifs d'électricité pour l'irrigation, la réduction de la taxation des carburants ou plus d'argent pour l'assurance agricole, mais mettant fin aux excès induits par le monopole d'Agroseguro, sous forme d'augmentation des primes dans la plupart des lignes, tout en réduisant simultanément la couverture. Les manifestations massives suivront au cours des prochains jours dans les provinces d'Estrémadure, Cadix, Almería, Grenade, Navarre, Murcie, Tarragone, Séville et Jaén. Dans cette dernière, dont l'économie est fortement affectée par la baisse des prix de l'huile d'olive, les organisations agricoles, les coopératives et Infaoliva ont appelé à des manifestations de masse.