Les liaisons dangereuses entre le polisario et des organisations terroristes internationales, ainsi qu'avec les réseaux criminels et les trafiquants de tout genre qui sévissent dans la région sahélo-saharienne, ont été exposées par des experts internationaux devant la 4ème Commission des Nations-Unies. Intervenant en tant que pétitionnaire devant la Commission, Irina Tsukerman, analyste et avocate des droits de l'homme et de la sécurité nationale basée à New York, a expliqué comment les séparatistes du polisario ont été infiltrés par des groupes jihadistes et terroristes, avec comme objectif de mener des projets et des attaques déstabilisatrices pour les pays de la région. « En décembre 2018, j'ai interviewé plusieurs anciens prisonniers du polisario et des proches d'anciens prisonniers basés à Dakhla. Grâce à leurs témoignages, j'ai appris non seulement sur les exactions extrêmes qu'ils avaient endurées pendant leur emprisonnement, notamment des tortures brutales, mais aussi sur les problèmes de sécurité liés à la collusion entre le Polisario et les principales organisations terroristes internationales », a dit la pétitionnaire américaine. « Ces témoignages comprenaient des descriptions détaillées sur des tunnels creusés dans les camps de Tindouf par un groupe terroriste international, au vu et au su de tous », a-t-elle relevé, précisant que ces tunnels sont utilisés pour acheminer des armes mais aussi des terroristes venus entraîner les combattants du polisario. Les témoignages de ces anciens prisonniers ont, en outre, décrit des opérations de contrebande, qui comprennent des ventes illicites de produits de contrebande variés, tels que des stupéfiants et des armes, à diverses organisations criminelles opérant dans la région, a ajouté Tsukerman. Elle a aussi rappelé que plus tôt cette année, la lumière avait été faite sur « une importante opération impliquant un diplomate représentant l'Etat parrain du Hezbollah, en poste dans le pays hôte, qui utilisait son ambassade pour coordonner le trafic d'armes par des agents du Hezbollah vers les camps » de Tindouf. Des membres du Hezbollah auraient également formé des éléments du polisario au combat, à la construction de tunnels et à diverses opérations qui pourraient être utilisées pour attaquer des pays voisins et déstabiliser la région, a assuré l'experte américaine. Et de souligner, à cet égard, qu'il ne s'agit pas de la première ou de la seule fois que le Polisario ait collaboré avec des groupes criminels et militants de la région, précisant qu'au début de l'année, une cellule du polisario qui trafiquait de l'or en Afrique du nord avait été découverte et arrêtée. La contrebande d'or était devenue une source majeure de revenus pour les acteurs étatiques et non étatiques qui utilisaient des routes d'Afrique du Nord comme moyen pour collecter des revenus illicites, a encore dénoncé l'experte américaine. En outre, des travaux présentés par d'importants groupes de recherche en sécurité internationale ont mis en garde contre les liens étroits existant entre le polisario et divers groupes affiliés à Al-Qaida et à « l'Etat islamique », portant sur diverses opérations criminelles, le trafic d'armes, de drogues et d'autres produits de contrebande dont les revenus bénéficient à la fois au polisario et à ses acolytes, a-t-elle encore expliqué. De son côté, Susan Ashcraft, ancien agent spécial de l'Agence antidrogue des Etats-Unis (DEA), a également averti, devant la 4ème Commission, que « des organisations militaires comme le Hezbollah ont établi des camps d'entraînement dans les camps de Tindouf, dans le sud-ouest de l'Algérie, et recherchent en permanence à recruter les jeunes désespérés et vulnérables de ces camps, à des fins terroristes, de contrebande, et de trafic de drogue et d'êtres humains ». Ashcraft a relevé, à cet égard, que depuis le printemps arabe, des groupes de militants djihadistes et des cartels de drogue d'Amérique latine se sont associés pour acheminer davantage de drogues, d'armes et d'êtres humains à travers la région sahélo-saharienne. Selon elle, Al-Qaida, Boko Haram et Al-Shabab étendent leur sphère d'influence sur tout le continent africain, au même titre que sur les camps de Tindouf qui sont infiltrés par certains de ces groupes. Et de noter, à ce propos, que les camps de Tindouf sont devenus une plaque-tournante du crime organisé et des groupes radicaux, et leur existence accroît les risques de propagation terroriste, comme le prouve l'enlèvement des trois travailleurs humanitaires européens du camp de Rabouni par le Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest (MUJAO), dont le chef, Adnan Abou Walid al-Sahraoui, est un membre des milices du polisario. Ashcraft a rappelé que le Département d'Etat américain offre une récompense de 5 millions de dollars pour des informations qui conduiraient à l'arrestation ou à la condamnation d'Adnan Abou Walid al-Sahraoui, qui avait participé à l'attaque du 4 octobre 2017 contre une patrouille militaire conjointe américano-nigérienne, dans laquelle quatre soldats américains ont été tués.