Une éminente anthropologue franco-iranienne, Fariba Adelkhah, associée à plusieurs réseaux scientifiques et spécialiste de l'Islam chiite, est actuellement détenue en Iran dans un contexte de vives tensions internationales entre Téhéran et les pays occidentaux. « Ce qui s'est passé me préoccupe beaucoup, nous en sommes informés depuis plusieurs jours », a commenté lundi devant la presse le président Emmanuel Macron au cours d'une visite en Serbie. « J'ai exprimé mon désaccord et demandé des clarifications au président (iranien Hassan) Rohani. J'attends des retours et des clarifications », a-t-il poursuivi, regrettant qu' »aucune explication » n'ait été fournie « de manière valable ». Le ministère français des Affaires étrangères, qui a confirmé lundi l'arrestation de Adelkhah, n'en a pas précisé la date mais, d'après son confrère et ami Jean-François Bayart, celle-ci remonte au 5 juin et la chercheuse est depuis détenue à la prison d'Evin, dans le nord de Téhéran. Selon Bayart, professeur à l'Institut des Hautes études internationales et du développement (IHEID) à Genève, la chercheuse « a pu recevoir la visite de sa famille et n'est pas maltraitée » malgré la sinistre réputation de ce lieu de détention. Les autorités françaises n'ont cependant pas pu entrer en contact avec elle malgré leurs demandes, a reconnu dans un communiqué le ministère des Affaires étrangères : « la France a effectué des démarches auprès des autorités iraniennes pour obtenir de leur part des informations sur la situation et les conditions de l'arrestation de Mme Adelkhah et demander un accès consulaire » à sa ressortissante, mais n'a reçu « aucune réponse satisfaisante » à ce jour. Sur le site internet officiel du gouvernement iranien, un porte-parole, Ali Rabiï, affirme pour sa part : « Je n'ai aucune information à ce sujet. J'ai entendu cette information mais je ne sais pas qui l'a arrêtée ni pour quelle raison ». « La France appelle les autorités iraniennes à faire toute la lumière sur la situation de Mme Adelkhah et lui réitère ses demandes, en particulier celle d'une autorisation sans délai pour un accès consulaire », a insisté le ministère français. Chercheuse au Centre de recherches internationales (Ceri) de Sciences Po-Paris, docteure en anthropologie de l'Ecole des Hautes études en Sciences sociales (EHESS) de Paris, Fariba Adelkhah, 60 ans, collabore à plusieurs revues scientifiques comme « Iranian Studies » et « la Revue des mondes musulmans et de la Méditerranée ». Elle est l'auteure de très nombreux ouvrages de référence et étudie en particulier les relations des clergés chiites d'Iran, d'Afghanistan et d'Irak, trois pays dans lesquels elle se rend régulièrement.