Près de trois cents personnes ont été interpellées dans la nuit de dimanche à lundi 15 juillet 2019, lors d'incidents en marge des célébrations, en France, de milliers de supporters de l'équipe de football d'Algérie après la qualification des Fennecs pour la finale de la Coupe d'Afrique des Nations (CAN). « On va gagner, c'est historique, tahya (vive) l'Algérie ! », lance Wassim, drapeau algérien sur le dos, laissant éclater la joie sur les Champs-Elysées, comme des milliers de fans venus dès 23h00 envahir la célèbre artère parisienne. « J'en pleure, j'ai pas de mots », ajoute Myriam, les larmes aux yeux, tandis que les automobilistes font hurler leurs klaxons après la victoire algérienne 2-1 face au Nigeria. Mais la liesse a parfois cédé la place à des heurts avec les forces de l'ordre, qui se sont poursuivis jusque tard dans la nuit, à Paris mais aussi à Lyon (centre-est) et Marseille (sud-est). Au total, 282 personnes ont été interpellées, dont 249 ont été placées en garde à vue, a indiqué lundi le ministère de l'Intérieur. Ces interpellations sont « essentiellement » liées aux incidents en marge des célébrations de la victoire de l'Algérie, mais comptent aussi certains débordements de festivités du 14-Juillet, fête nationale française souvent émaillées de heurts, a-t-on précisé de même source. A Paris, 50 personnes ont été interpellées lors d'incidents entre supporters et forces de l'ordre qui se sont déroulés notamment sur les Champs-Elysées, et 202 ont fait l'objet de vidéoverbalisation pour des conduites dangereuses de véhicules, a indiqué la préfecture de police de Paris. Sur l'ensemble de la capitale et de la proche banlieue, la nuit du 14 juillet a donné lieu à 169 interpellations, a-t-elle détaillé. A Marseille, port méditerranéen qui abrite une importante communauté d'Algériens et Franco-Algériens, 15.000 personnes se sont rassemblées sur le Vieux-Port pour les célébrations du 14-Juillet, tandis que 4.000 ont fêté la victoire de l'Algérie, selon les autorités. La préfecture de police faisait état lundi matin de 12 interpellations, et huit policiers et gendarmes légèrement blessés. Les échauffourées se sont poursuivies dans cette ville jusqu'aux premières heures de la journée lundi, quand des dizaines de jeunes à scooters ou en motos improvisaient encore des concours de « wheeling », des rodéos ou faisaient brûler la gomme de leurs pneus sur le haut de La Canebière, célèbre artère marseillaise. D'autres ont entrepris de démolir méthodiquement tous les abris-bus d'une place du centre-ville. Alors que plusieurs feux de poubelles sont traités par les marins pompiers de Marseille, les forces de l'ordre étaient bombardés de projectiles, bouteilles et pierres. A Lyon, outre quelques échauffourées, les pompiers avaient recensé peu avant 02H00 (00H00 GMT) des dizaines de véhicules brûlés. Ont également été dénombrés plus de cent feux divers (poubelles, barricades) sur la voie publique. À Montpellier (sud), où les festivités avaient été endeuillées jeudi par la mort d'une mère de famille fauchée par un chauffard, l'avenue d'Heidelberg, lieu de l'accident, est animée par de nombreuses voitures circulant fenêtres ouvertes, drapeau algérien au vent. Sur le trottoir, beaucoup de familles avec enfants profitaient de la fraîcheur du soir et des jeux dans le parc adjacent. « Je rentre vite chez moi car je sais que ça va dégénérer », craint une maman accompagnée de ses deux enfants. « Regardez il n'y a pas de police pour nous sécuriser. Ils s'en fichent et les jeunes vont continuer ». Jeudi dernier, les rassemblements de supporters célébrant la victoire de l'Algérie en quart de finale avaient été ternis par des incidents jugés « inacceptables » par le gouvernement, notamment dans le quartier des Champs-Elysées où des commerces avaient été dégradés et pillés. Le premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure, a lundi dénoncé des « images choquantes ». « Tout est devenu prétexte à un affrontement » dans un « pays qui est sous tension permanente », a-t-il estimé sur la chaîne de télévision France 2. « Rien n'excuse la violence (…) La fête nationale ne devrait pas être désacralisée, abîmée par ces manifestations », a-t-il regretté. Vendredi soir la finale de la CAN au Caire opposera l'Algérie au Sénégal.