Des incidents ont éclaté un peu partout en France dans la nuit de dimanche à lundi après la victoire de Nicolas Sarkozy à l'élection présidentielle. Ils se sont soldés par au moins 367 voitures incendiées, 28 policiers blessés et 270 arrestations, selon un bilan partiel de la Direction générale de la police nationale (DGPN). Ce bilan, arrêté à 06h00 du matin et qui ne sera pas actualisé, ne semble pas faire état de la totalité des dégâts enregistrés dans le pays si l'on tient compte de chiffres obtenus auprès de préfectures et d'institutions régionales. La préfecture de police de Paris fait ainsi état à elle seule de 33 policiers blessés. La DGPN n'en impute que trois à la capitale. D'autres bilans régionaux font état de dégâts matériels supérieurs. Le bilan de la DGPN ne fait ainsi pas mention d'attaques de bus au cocktail Molotov en région parisienne, ni de l'incendie criminel de l'école de la Lanterne à Evry, ni d'une tentative d'incendie contre un centre d'action sociale dans la même ville, attestés de source policière. Il ne fait pas état non plus de magasins ravagés et pillés, comme à Lyon, où selon un décompte réalisé par Reuters, une vingtaine de devantures de magasins de la Presqu'Ile ont été brisées, ainsi que des abribus et des cabines téléphoniques. Dans la ville, la préfecture de police fait état de 13 blessés, dont 10 dans les rangs de la police, et 54 voitures incendiées. Dans le département du Nord, une centaine de voitures ont été incendiées, en particulier dans les villes de Lille et de Roubaix, rapportent les pompiers. Des dizaines d'abribus ont été brisés, des feux de poubelles observés. Environ 70 personnes ont été interpellées à Lille, selon la police. GAUCHISTES ET JEUNES DE BANLIEUE Dans un document interne, dont Reuters a eu connaissance, la DGPN estime que "le second tour des élections présidentielles n'a pas généré de grandes manifestations de violences urbaines dans les quartiers sensibles". Elle estime le niveau des violences de la nuit "au-dessus de celle d'un 14 juillet, mais inférieures à celles d'un Réveillon de la Saint-Sylvestre". Selon elle, environ 10.000 personnes ont manifesté dans toute la France contre le résultat de l'élection présidentielle qui a vu Nicolas Sarkozy accéder à l'Elysée. La police estime que les violences ont été provoquées par deux milieux distincts, des jeunes des banlieues pauvres, notamment autour de Paris, et des militants d'extrême gauche, anarchistes ou "autonomes" dans les centres des grandes villes. Les seconds ont par exemple affronté les forces de l'ordre durant plusieurs heures place de la Bastille à Paris, lieu traditionnel de rassemblement de la gauche lors des soirées électorales. Les manifestants, qui jetaient feux d'artifice et bouteilles, n'ont pu être dispersés que par un véhicule anti-émeute blindé équipé de canons à eau, a constaté un journaliste de Reuters sur place. En province, outre Lyon et Lille, des échauffourées similaires se sont déroulées à Bordeaux, Nantes, Rennes et Toulouse notamment.