La nuit de samedi à dimanche, la 17ème nuit de violences urbaines, a vu le nombre de voitures incendiées décroître, mais les affrontements ont persisté, notamment en province. La crise est loin d'être réglée en France. Les violences, ayant secoué le pays depuis plus d'une quinzaine de jours, se sont poursuivies. Même si les incidents n'ont pas gagné Paris comme le redoutait la police, les troubles ont été signalés dans les banlieues. Au cours de la nuit de samedi à dimanche, 374 véhicules ont été incendiés contre 502 la nuit précédente. Les heurts sont donc globalement à la baisse, mais ils continuent à toucher des dizaines de communes quatre jours après l'instauration de l'état d'urgence et la mise en oeuvre de couvre-feux. À Lyon, la troisième ville du pays, des affrontements ont opposé samedi en fin d'après-midi dans le centre-ville les forces de l'ordre et plusieurs dizaines de jeunes. Dimanche, les rassemblements ont donc été interdits dimanche dans le centre-ville par le préfet du Rhône, comme à Paris où l'interdiction durait jusqu'à 8 heures du matin dimanche. C'était la première fois que des échauffourées de ce type éclataient dans le cœur d'une ville depuis le début des troubles. En dépit du couvre-feu pour les mineurs imposé samedi soir sur Lyon et ses environs, plus d'une soixantaine de véhicules ont été incendiés. Un cocktail Molotov a par ailleurs été lancé, sans exploser, contre la grande mosquée de la ville. À Carpentras, une maternelle a été incendiée et une école attaquée à la voiture-bélier. La veille, la mosquée de la ville avait été la cible d'engins incendiaires qui avaient fait de légers dégâts, une attaque immédiatement condamnée par le président français Jacques Chirac. D'autres incidents ont été signalés notamment à Strasbourg et Toulouse. La police a procédé à 212 arrestations supplémentaires dans la nuit, portant à plus de 2 500 le nombre de personnes interpellées depuis le début des troubles. Environ une trentaine de villes restent sous couvre-feu dans le cadre de l'état d'urgence décrété par le gouvernement en vertu d'une loi de 1955 datant de la guerre d'Algérie. Si la banlieue parisienne semble s'apaiser, deux policiers y ont néanmoins été blessés, dont l'un hospitalisé après avoir été atteint par une boule de pétanque. En revanche, aucun incident n'a été signalé dans Paris intra-muros où tous les rassemblements avaient été interdits jusqu'à dimanche matin dans la crainte d'actions de casseurs, alimentée par la diffusion de messages par des blogs sur Internet ou par téléphones portables. L'interdiction des rassemblements a été sévèrement critiquée par la presse de l'Hexagone. « Paris, cités interdites », titre en Une le quotidien français Libération. « Du jamais vu depuis un demi-siècle, à l'époque de la guerre d'indépendance en Algérie », écrit le quotidien socialiste. Le journal indique que cette décision a été justifiée par les messages diffusés sur l'Internet et par SMS qui appelaient à des rassemblements dans Paris et à des actions violentes. Cependant, poursuit Libération, ces appels remontent au début de cette semaine, et les violences urbaines ont baissé depuis. « La police cristallise la discrimination », estime, pour sa part, un sociologue interrogé par le quotidien l'Humanité. Pour la première fois, samedi, la police de la région parisienne a manifesté de la grogne : la section Seine-Saint-Denis d'Alliance, 1er syndicat des gardiens de la paix, a même appelé les policiers à observer un service minimum, pour protester contre l'incarcération d'un des cinq policiers poursuivis pour l'agression d'un jeune de 19 ans, lundi à La Courneuve. En début de soirée, Nicolas Sarkozy a reçu un rude accueil lors d'une brève visite sur les Champs-Elysées qui a provoqué bousculades, huées et insultes, couvrant les applaudissements de ses supporteurs, alors qu'il venait inspecter le dispositif de sécurité. Plus tôt, le Conseil d'Etat avait rejeté une requête en référé de SOS-Racisme contestant l'annonce des mesures d'expulsions d'étrangers condamnés pour des violences urbaines. Des procédures sont déjà "en cours", a annoncé samedi soir le ministre.