Selon Sarkozy, les violences dans les banlieues ont baissé dans la nuit de mardi à mercredi en France, où les premiers couvre-feux sont entrés en vigueur, tandis que dans le reste de L'Europe, les craintes d'une éventuelle contagion ont été attisées. Les violences urbaines ont baissé d'un cran, notamment en province, dans la nuit de mardi à mercredi, la 13ème consécutive à connaître des troubles et la première durant laquelle des communes ont appliqué un couvre-feu. 617 véhicules ont été brûlés, soit environ deux fois moins que la nuit précédente. Ce bilan du directeur de cabinet du ministre de l'Intérieur confirme la "décrue" évoquée dès mardi soir par Nicolas Sarkozy, quelques heures après l'instauration par le gouvernement de l'état d'urgence qui autorise la mise en oeuvre de couvre-feux. Au total, 617 véhicules ont été incendiés au plan national la nuit dernière, une baisse de 47% par rapport à la nuit précédente, a fait savoir le ministère de l'Intérieur. La baisse est plus marquée en province (467 véhicules contre 933) qu'en Ile-de-France (150 contre 240). Le nombre de communes touchées par les troubles est également en recul (196 contre 226). Celui de personnes interpellées est, lui aussi, moindre et s'est établi à 280 contre 330 la veille pour l'ensemble de la France. Par ailleurs, une fois de plus, tous les regards de l'Europe sont braqués sur la France à quelques mois après la campagne référendaire sur la Constitution. Comme avec les déboires de la Constitution, les médias européens suivent de près l'évolution de la situation. Toutefois, les craintes d'une éventuelle contagion ont été attisées après que plusieurs voitures ont été incendiées ces derniers jours à Berlin et à Bruxelles. À Bruxelles et pour la troisième nuit consécutive, des incidents ont éclaté dans certains quartiers défavorisés de la ville. Une quinzaine de véhicules ont à nouveau été incendiés. Des échauffourées ont également éclaté entre des groupes de manifestants et les forces de l'ordre. D'après les autorités belges, l'intensité de ces violences n'est en aucun cas comparable avec les violences urbaines dans la France. Des heurts ont été également signalés en Allemagne. Depuis samedi, des voitures et des conteneurs à déchets ont été incendiés à Brême et à Berlin. Pour l'instant, la police hésite à relier ces incidents à ceux survenus en France. Mercredi, plusieurs quotidiens français ont tenté de comprendre les raisons de cette explosion de violence dans les banlieues, qui dure depuis maintenant quatorze jours. «Les sept faillites des cités», titre Le Figaro. Le quotidien conservateur présente l'histoire et l'évolution de ces banlieues qui ont poussé dès l'après-guerre et revient donc sur sept thèmes, qui constituent la réalité et le paysage des banlieues les plus défavorisées, notamment le logement, l'emploi, l'immigration la sécurité et l'éducation. «Ce couvre-feu est un cache-misère », peut-on lire sur la Une du quotidien Libération. Ce journal estime d'ailleurs que beaucoup de maires de banlieues trouvent la mesure prématurée, voire provocatrice. « Même efficace, le couvre-feu laissera une nouvelle vexation », poursuit le journal. « Plutôt que le dialogue, le couvre-feu, De Villepin décrète l'apartheid social. En concentrant son action sur la répression et la stigmatisation d'une partie de la population, le gouvernement continue d'ignorer les attentes des habitants des quartiers populaires », commente pour sa part le quotidien communiste L'Humanité.