La stratégie de la Direction Générale de la Sûreté Nationale (DGSN) en matière de prévention et de lutte contre la cybercriminalité, a été mise en exergue vendredi, à Marrakech, dans le cadre de la 10è édition du Marrakech Security Forum (AfricaSec 2019). Présentée par Leila Zouine, chef de service de lutte contre la criminalité liée aux nouvelles technologies (relevant de la DGSN), lors d'une plénière sous le thème « Nature et étendue des Cyber menaces : acteurs malveillants, modes opératoires et nature des menaces », cette stratégie « globale et intégrée » se décline en quatre axes majeurs, à savoir la structuration organisationnelle, le renforcement des ressources humaines, l'investissement dans les équipements et outils logistiques et la prévention. Concernant la structuration organisationnelle, Zouine a fait savoir que la DGSN a mis en place 29 brigades spécialisées dans les recherches et enquêtes sur les crimes liés aux nouvelles technologies et a créé 04 laboratoires d'exploitation des traces numériques au niveau national. Pour ce qui est du volet relatif à la prévention, Leila Zouine a indiqué que la DGSN mène tout au long de l'année, des campagnes de sensibilisation dans les écoles sur les crimes liées aux nouvelles technologies, en partenariat avec le ministère de l'éducation nationale et de la formation professionnelle et à travers la revue de la DGSN et ses Portes ouvertes. Zouine, qui a aussi abordé les modes opératoires, les caractéristiques et les enjeux de cybercriminalité au niveau sécuritaire, économique, social et intellectuel, a fait remarquer que le Maroc est doté d'un cadre juridique très développé en matière de lutte contre la criminalité liée aux nouvelles technologies. Et de conclure que la lutte contre la criminalité liée aux nouvelles technologies requiert une coordination entre les différents départements gouvernementaux, entre le secteur public et privé et entre la famille et l'école. Le directeur du cabinet synthèse stratégique « La Vigie » (France), Olivier Kempf, a pour sa part, noté que le « cyberespace » est devenu un enjeu de souveraineté pour les Etats, relevant que les groupes terroristes se sont approprié ces outils technologiques pour faciliter leurs opérations. Il a en outre, tenté de proposer une définition au « cyberespace » et quelques caractéristiques cyber-stratégiques : opacité (on ne sait jamais à coup sûr qui est l'auteur d'une cyber-agression) et la multiplication des acteurs, abordant aussi les types d'agressions que cet espace permet : espionnage, sabotage, subversion et escroquerie. Le Premier vice-président de l'American Foreign Policy Council, Ilan Berman, a appelé de son côté, les Etats à ne pas sous-estimer les menaces cybernétiques car les groupes extrémistes utilisent le réseau numérique en tant qu'arme. Les nouvelles technologies, qui bénéficient aux acteurs extrémistes, rendent les groupes terroristes plus efficaces et plus compactes, a-t-il insisté. Le directeur du Centre d'études stratégiques de sécurité relevant du ministère de l'Intérieur du Qatar, Mohammed Al-Kuwary, a noté que l'Afrique fait l'objet d'attaques cybernétiques récurrentes en raison de sa vulnérabilité à ce genre d'agressions. Citant le Rapport de la sécurité cybernétique en Afrique, il a fait savoir que le Kenya enregistre plus de 50% des attaques cybernétiques au niveau du continent, faisant remarquer que le secteur financier, les smartphones et les agences gouvernementaux sont les plus exposés aux attaques cybernétiques en Afrique. Al-Kuwary a en outre, souligné que les Etats africains sont appelés à mettre en place un cadre juridique convenable afin de lutter contre les attaques cybernétiques. Placé sous le Haut Patronage du Roi Mohammed VI, « AfricaSec 2019 » connait la participation d'un aréopage d'experts, de dirigeants d'organisations internationales, et de responsables civils et militaires, venus de plusieurs pays. Cet événement de deux jours, initié par le Centre Marocain des Etudes Stratégiques (CMES) en partenariat avec la Fédération africaine des études stratégiques, sous le thème « Construire pour l'Afrique sa sécurité du futur », vise à établir un état des lieux actuel de la sécurité en Afrique, de mettre en lumière les défis auxquels doit faire face le Continent et surtout, d'analyser, de débattre et d'échanger les expériences et expertises dans ce domaine. Les participants à cette édition, dont des responsables civils et militaires, des dirigeants d'ONG, des sécuritaires et des experts des quatre coins du monde, discutent de plusieurs thématiques, dont « la re-conceptualisation de la sécurité à l'ère du numérique: changement de paradigmes et de concepts », « l'Afrique face aux vulnérabilités chroniques et aux menaces transnationales et asymétriques » et « l'arc de crises Afrique centrale et zone Sahélo-saharienne: entre conflits enlisés et menaces émergentes ». Cet événement international constitue l'occasion de débattre aussi de questions aussi diverses que « l'Union africaine face au défi de la réforme du conseil de paix et de sécurité », « nature et étendue des cyber menaces: acteurs malveillants, modes opératoires » et « le renseignement comme arme dans la lutte contre les menaces sécuritaires émergentes ». D'autres thématiques sont à l'ordre du jour: « le cyber-renseignement et risques numériques », « le cyber-terrorisme et la radicalisation dans le cyber-espace », « les organisations terroristes et criminelles hybrides, les menaces et guerres hybrides: la nécessaire transformation des services de sécurité et de défense » et « les perspectives pour le renseignement spatial et aérien ». Parallèlement aux travaux de l'AfricaSec, le CMES-« Global network against women radicalization », organise le 9 février un atelier sous le thème « les perspectives du genre dans la prévention de l'extrémisme violent » en partenariat avec ONU-Femmes.