Naïm Kamal 007 est le matricule de James Bond, un espion des services secrets britanniques, sorti en partie de l'imagination de Ian Fleming, lui-même un ancien officier de renseignement naval : le premier zéro signifie qu'il a l'autorisation de tuer. Le second que c'est un exploit qu'il a déjà à son actif et le 7 qu'il est le septième agent à recevoir cette autorisation. De la fiction ? Si c'est le cas, elle colle à la réalité même si la magie du grand écran donne au versement odieux du sang les reliefs de l'esthétique. Le concept du bon et du méchant fait le reste pour entrainer l'adhésion du spectateur. Mohamed Ben Salman n'est pas Bond, James Bond d'Arabie en ordonnant l'assassinat de Jamal Khashoggi. S'il avait réussi son coup, il aurait été très bien dans la peau de l'homme d'Etat qui ne recule pas devant le crime d'Etat, une immuable de la vie des pays normalement constitués. Mais il l'a raté. C'est le président américain, Donald Trump, avec son incorrigible manière de dire le non-dit qui a vendu la mèche. Depuis le bureau ovale il a jugé le projet d'assassinat mal ficelé, « très mal exécuté et l'opération de dissimulation a été, ce sont ses mots, l'une des pires de l'histoire des opérations de dissimulation […] un fiasco total ». Plus que l'assassinat, c'est donc l'échec que ses pairs ne pardonnent pas au prince héritier des Saoudiens. A l'échelle mondiale, le palmarès revient ex aequo, sans doute aucun, à la défunte URSS et aux USA. Le nombre de ces opérations est proportionnel à la taille et la puissance des Etat qui les mènent. François Hollande, président d'une puissance moyenne (2012- 2017) a admis dans « Un président ne devrait pas dire ça », avoir autorisé quatre opération dites « homo » pour homicide. Mais le chef de l'Etat français, à en croire un autre ouvrage, « L'erreur fatale », aurait ordonné une quarantaine d'opérations. A un degré supérieur, les Israéliens sont passés, la légende aidant, maître en matière d'exécution de ce qu'ils considèrent comme leurs ennemis. Il leur arrive, toutefois, plus qu'à leur tour de manquer leur cible. En 1997, cinq agents israéliens déguisés en touristes canadiens ratent l'empoisonnement à Amman du leader palestinien du Hamas Khaled Mechaal. Sous le regard moqueur du monde, Tel-Aviv est contraint de livrer l'antidote. Les Marocains ne sont pas en reste. La disparition en 1965 de Mehdi Ben Barka leur est imputée à égalité avec la CIA et le Mossad qui ne voient pas d'un bon œil le leader de la tricontinentale. Dix ans plus tard, c'est au tour de son camarade, Omar Benjelloune, de tomber sous les coups de poignard de la chabiba islamaya. On soupçonne toutefois une autre main derrière. Dans notre sphère, la sécurité militaire algérienne ne semble trouver de concurrents qu'en Syrie de Hafed Al Assad, l'Irak de Saddam Hussein ou encore l'Egypte de Nasser. Pour ne citer que les plus emblématiques, on ne citera que Mohamed Khider, abattu à Madrid en juillet 1967, Krim Belkacem étranglé en1970 à Frankfort, Mohamed Boudiaf criblé de balles à Annaba en 1992. Un assassinat à la mitraillette, dans son dos, en public et en direct à la télévision. Ces hommes avaient en commun d'être des historiques du FLN, des compagnons de route et de grandes figures de la révolution.