Apparu en roman avant James Bond et relancé au cinéma par le même James Bond après un faux départ, 0SS117 est, en Coplan et X13, la réponse tricolore à la montée en puissance du commander 007. Sous l'identité d'un espion américain qui n'a de français que le nom : Hubert Bennisseur de la Bath. La question se pose d'emblée : qui d'entre le Français Jean Bruce et le Britannique Ian Fleming s'est jeté le premier sur le marché de l'espionnage littéraire ? L'un avec Hubert Bonnisseur de la Bath, alias OSS 117, l'autre avec James Bond, alias 007. Jean Bruce précède Ian Fleming de quatre ans avec en 1949, la parution de « Tu parles d'une ingénue », roman d'espionnage suivi de 88 autres le premier James Bond, « Casino Royal » n'arrive qu'en 1957. Tour à tour, employé de mairie, acteur de théâtre, imprésario, agent d'un réseau de renseignements, inspecteur de la sûreté... de son vrai nom Jean Brochet, Jean Bruce fabrique avec OSS 117 le moule dans lequel 007 sera coulé. Enfant de la guerre froide, élégant et séducteur, changeant de nom comme de smoking, OSS 117 œuvre pour la CIA. D'ascendance aristocratique française, il porte occasionnellement, à l'instar de James Bond, l'uniforme, boit sec, cogne dur et use de quelques gadgets électroniques dans les nombreux pays qu'il visite à des fins professionnelles. Son succès en libraire et en gare, en fleuve noir puis aux presses de la cité, atteint des ventes et des tirages si importants que Jean Bruce rédige jusqu'à douze « OSS 117 » par an. Il en aurait beaucoup écrit si, en 1963, il ne s'était pas tué au volant de sa Jaguar. Pourtant, avec Jean Bruce, ne disparaît pas Hubert Bonnisseur de la Bath car, dès 1964, sa veuve prend le relais. Elle publie pas moins de 143 «OSS 117 » avant que ses enfants ne lui succèdent en 1987, deux ans après sa mort avec 24 romans d'espionnages supplémentaires. Fin de règne cinq ans plus tard avec le bien nommé « OSS 117 prend le large ». Au cinéma , si l'imminence du premier James Bond souffle en 1962 à Andre Hunebelle l'adaptation d'un OSS 117, Huber Bonnisseur de la Bath n'attend pas que Sean Connery étreigne Ursulandress pour ses hasarder à l'écran. Début 1957, il apparaît sur les écrans dans « OSS 117 n'est pas mort » sous les traits du Suisse Ivan Desny et sous la direction de Jean Sacha. Un tour d'essai, un premier long métrage et OSS 117 met déjà les voiles, dissuadé de retour par l'hégémonie des barbouzes vedettes du moment. Si OSS 117 tente et rate l'aventure cinématographique, avant son rival James Bond, il doit attendre que celui-ci fasse ses preuves avec « Dr No » pour se risquer à un come-back. Chauffé par la virilité de Sean Connery, Ursula Andress de l'onde et la paranoia du péril mondial, le public accueille cette fois Hubert Bonnisseur de la Bath en nombre. Un succès dû à la réactivité d'Andre Hunebelle qui n'attend pas que « James Bon contre Dr No » sorte dans les salles pour ficeler « OSS 117 se déchaîne ». Le premier tombe en mars 1963, le second à peine trois mois plus tard. Rapide à la détente et intimement en phase avec les goûts et attentes du public, Andre Hunebelle commet cependant une erreur il refuse à Sean Connery le rôle de Hubert Bonnisseur, lui préférant un américain certes beau gosse, mais un peu folet. Un certain Kerwin Matthews jusque là animateur de quelques films d'aventures. Dans les rues pavées et tortueuses d'un Bona Fasio plus proche de White Chapel de « Jack L'éventreur » que de la Corse de la carte postale, OSS 117 débute sous les auspices du film noir néo-expressionniste. C'est pourtant bel et bien d'espionnage à la James Bond qu'il s'agit. Enjeu à l'intervention de l'agent secret : une technologie soviétique permettant de détecter les sous-marins atomiques que n'aurait pas désavouée le Dr No. En dépit de l'accompagnement musical de Michel Magne et de la décontraction affichée par Kerwin Matthews, le ton, donné par un prélude documentaire sur la guerre froide, et grave. Et ce n'est pas la présence de Daiel Emil Fork en agent du Kremlin qui apporte un peu de fantaisie. De jolies filles, des vilains en abondance, un peu de tourisme, le péril rouge, un héros charmeur. Rien ne manque au cahier des charges du petit espion illustré.