La semaine dernière, le Canada légalisait la consommation et la possession du cannabis. C'est le deuxième pays au monde, après l'Uruguay. Et ce ne sera pas le dernier : le Mexique se pose désormais à haute voix la question d'en finir avec la prohibition. Il espère réduire ainsi la violence qu'engendre le trafic. Le futur chef de la diplomatie mexicaine reconnait que l'équipe du président élu Andres Manuel Lopez Obrador en discute : « Le cannabis est un commerce. Le réprimer a causé beaucoup de souffrance dans la population… ». Cela s'appelle préparer le terrain. On comprend surtout que les politiques se sentent incapables de restaurer la sécurité, première mission de l'Etat, dans un pays qui est gangréné par le trafic de drogue. Hier, c'était le trafic de cocaïne et sept cartels se partageaient le filon. Le marché a explosé, les mafias se sont atomisées. Des dizaines de milliers de morts plus tard, le Mexique est devenu le hub de toutes les drogues. Il fabrique, distribue, exporte. 27.000 assassinats, rien que l'an dernier. Si c'était votre voisin, vous penseriez à monter un mur… On comprend mieux que Donald Trump soit étanche à cette tentation du laisser-faire, laisser-passer. Le Président américain a décrété la lutte contre la toxicomanie « urgence de santé publique ». C'est une priorité de sa présidence. Le Congrès pour une fois uni, ce qui est remarquable en pleine campagne du Mid-term, a voté de nouvelles mesures. Elles facilitent l'accès aux traitements médicaux dans le cadre de Medicaid, l'assurance maladie des plus démunis. Elles renforcent les subventions à la lutte contre le trafic. Elles ciblent les drogues de synthèse qui font des ravages. Ce sont des anesthésiants cent fois plus puissants que la morphine. A cause des overdoses, l'espérance de vie recule aux Etats-Unis depuis 2015. On s'indigne des fusillades dont le rythme ne faiblit pas. Mais la drogue tue beaucoup plus que les armes à feu. 8.000 morts en 1980. 20.000 en l'an 2 000. Deux chiffres faciles à retenir, une progression spectaculaire. Qui s'emballe: 40.000 morts par overdose en 2010. On en est à 80.000 depuis le début 2018 ! Ces drogues de synthèse se trouvent sur internet ou chez les pharmaciens sans scrupules. Donald Trump ne tweete pas qu'il faut lyncher ces professionnels complaisants mais il réclame la peine de mort pour les trafiquants. Cette outrance est un constat d'impuissance, bien sûr. Mais au moins sonne-t-il le tocsin, quand Barack Obama concentrait ses efforts sur le seul remboursement des traitements contre la toxicomanie. Quand Justin Trudeau plane sur un nuage de shit en rêvant qu'il est le roi des Bobos et qu'il a fait du Canada unesorted'utopiebeatnikenfinréalisée.Et qu'Andres Manuel Lopez Obrador s'imagine régler le problème des mafias en levant l'interdiction du seul cannabis, le genre d'illusions qui aggrave le mal qu'elle prétende soigner. América great again, c'est l'Amérique qui résiste à la tentation du découragement. Pourtant, il y a de quoi se décourager ! L'argent de la drogue dope l'économie internationale : 15% du PNB mondial. Cet argent sale peut tout corrompre. Acheter des banques, se payer des guerres, noyauter des Etats. Le narcotrafic représente une menace plus sérieuse encore que le djihad mondial.