Le ministre iranien des Affaires étrangères Mohammad Javad Zarif effectuait mercredi 29 août 2018 un déplacement surprise à Ankara où il devait s'entretenir avec le chef de l'Etat Recep Tayyip Erdogan, a annoncé la présidence turque. Zarif devait être reçu par M. Erdogan en fin d'après-midi au siège de la formation au pouvoir en Turquie, le Parti de la justice et du développement (AKP), a indiqué la présidence sans autre détail. Ce déplacement survient alors que la tension monte en Syrie où le régime, soutenu par Téhéran et Moscou, veut lancer une offensive sur Idleb (nord-ouest), ultime grand bastion des rebelles appuyés par Ankara. Le sort de la province d'Idleb a suscité ces derniers jours l'inquiétude des Occidentaux, qui ont mis en garde mardi contre les « conséquences catastrophiques » d'une offensive militaire, à l'occasion d'une réunion consacrée à la situation humanitaire en Syrie à l'ONU. La Turquie a elle aussi tiré la sonnette d'alarme, son ministre des Affaires étrangères Mevlüt Cavusoglu mettant en garde la semaine dernière contre une « solution militaire » à Idleb qui, selon lui, causerait « une catastrophe ». Ankara redoute notamment un afflux de réfugiés en cas d'offensive de grande ampleur sur cette province dont la population a explosé ces dernières années au fil des « évacuations » d'autres poches rebelles reprises par les forces du président syrien Bachar al-Assad. Le régime de Damas ambitionne de reconquérir cette région frontalière de la Turquie et dominée à 60% par Hayat Tahrir al-Cham (HTS, formé de membres de l'ex-branche d'Al-Qaïda). Elle compte également une multitude de groupes rebelles. Le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov a déclaré mercredi espérer que les pays occidentaux n'allaient pas « entraver l'opération antiterroriste » à Idleb. Cette région fait aussi partie des « zones de désescalade » mises en place en Syrie à l'issue des négociations de paix d'Astana, parrainées par la Russie, la Turquie et l'Iran, trois acteurs incontournables dans ce dossier. La Turquie, qui a déployé des troupes dans le nord de la Syrie, a notamment érigé 12 « postes d'observation » dans la province d'Idleb dans le cadre de ces « zones de désescalade ». Les quotidiens progouvernementaux turcs Hürriyet et Sabah ont rapporté mercredi que l'armée turque avait consolidé ses positions à Idleb ces derniers jours à l'aide de blocs de béton.