Les participants au colloque sur « L'impasse de la situation arabe actuelle: possibilités et perspectives », organisé dans le cadre du 40è Moussem culturel international d'Assilah, ont insisté mercredi sur la nécessite de développer des solutions locales pour sortir de l'impasse que traverse certains pays du monde arabe. L'écrivaine Bahreïni, Sameera Ibrahim Bin Rajab, a relevé que l'ensemble des Arabes s'accordent à dire qu'on traverse une impasse géopolitique sans précédent, ajoutant qu'on ne devrait pas s'entêter à cloner des modèles occidentaux pour stopper l'hémorragie. « C'est à l'intérieur de nos Etats qu'il faut chercher les causes de cette crise et c'est également à l'intérieur de nos Etats qu'il faut trouver la solution », a affirmé Bin Rajab. A cet égard, l'analyste politique libanais, Mohamed Kawas, a fait observer qu'il existe des Etats arabes ayant trouvé des « recettes locales » pour sortir de la crise, soulignant que le caractère local des problèmes vécus au sein des pays arabes devrait nous inciter à trouver des solutions à l'échelle de chaque Etat et non à l'échelle de toute la région. Kawas s'est interrogé sur l'opportunité même de continuer à parler de « monde arabe » alors que les pays arabes ne partagent ni les mêmes craintes ni les mêmes aspirations et que seule la question palestinienne semble encore en mesure de les fédérer. Pour sa part, l'ancien secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa, a indiqué que l'impact de cette impasse est ressenti sur les performance économiques et sociales de l'ensemble des pays arabes, notant que c'est la mauvaise gestion, la corruption et l'absence d'accès aux services de bases qui ont mené à l'échec d'un certain nombre de pays arabes et à « l'hécatombe de 2011 ». Voilà pourquoi, a-t-il ajouté, il est important de mettre en place un cadre démocratique qui empêche le monopole de la prise de décision et qui met le citoyen au centre des préoccupations. Par ailleurs, Moussa a estimé que la résolution de la question palestinienne ne saurait être retardée davantage, appelant à trouver une solution juste et équitable à travers une initiative arabe qui incarnera, par son équilibre, le vrai « deal du siècle ». De son côté, l'ancien ministre jordanien de l'Information, Saleh Al-Kalab, a signalé que « le monde arabe n'a pas connu la stabilité depuis plus d'un siècle » laissant les luttes sectaires et le terrorisme prendre le dessus. Al-Kalab a, en outre, déploré l'absence de partis politiques capables de fédérer et d'encadrer les populations. Le professeur à l'université Mohammed V de Rabat, Mohamed Tajeddine EL-Houssaini, a, quant à lui, estimé que la défaite arabe en 1967 n'avait pas uniquement un caractère militaire mais qu'il s'agit aussi d'une défaite sur les plans économique, stratégique et de la connaissance, relevant que le « Printemps arabe » a été déclenché par l'absence de la démocratie, de la bonne gouvernance et la prédominance des institutions militaires dans de nombreux pays de la région. Les Arabes traversent une crise culturelle qui laisse entrevoir l'échec des systèmes d'éducation et de formation, a ajouté EL-Houssaini, notant que sur les 100 meilleures universités au monde, aucune ne se trouve dans le monde arabe. La réforme doit donc commencer par la construction du citoyen arabe, a conclu EL-Houssaini. Placée sous le haut patronage royal, la 40è édition du Moussem d'Assilah, dont l'Afrique est l'invitée d'honneur, propose divers événements culturels et artistiques, notamment des séminaires, des ateliers, des spectacles de musique, des défilés de mode, ainsi que des expositions. Le programme de cette édition, qui se poursuit jusqu'au 20 juillet, prévoit également l'organisation d'un colloque sur le thème : « Pensée religieuse incubateur du terrorisme: contexte et moyens de lutte », et ce dans le cadre de la 33ème session de l'université d'été Al-Mouatamid Ibn Abbad.