Maduro s'accroche au pouvoir. Mais, en fait, personne n'a gagné les élections frauduleuses qui ont eu lieu le 20 mai dernier. Par Mary Anastasia O'Grady Le Venezuela a tenu ce qu'il a appelé des « élections » présidentielles, dimanche 20 mai 2018, comme si les votes des électeurs allaient décider qui va les gouverner… La semaine dernière, Reuters a indiqué que la compagnie pétrolière publique vénézuélienne PdVSA avait acheté cette année près de 440 millions de dollars de brut sur les marchés étrangers. PdVSA a ensuite livré les cargaisons du brut à Cuba à des conditions de crédit favorables, « souvent à perte, selon les documents internes de l'entreprise », a souligné le média. Une perte, pour un Venezuela dystopique, où chaque jour la population est soumise à davantage de souffrances et de privations. Pourrait-il y avoir de meilleures preuves que le pays est colonisé par Cuba ? La plupart des Vénézuéliens ont abandonné depuis longtemps les « élections » pour rétablir leurs droits. Ils ont essayé d'autres moyens. Ils manifestent pacifiquement dans les rues et en grand nombre. Certains ont même pris les armes. Mais ils sont désarmés et démunis et, peut-être tout aussi important, surveillés par les renseignements cubains. La dissidence militaire de rang intermédiaire n'est pas un secret. Quant aux hauts gradés, ils ont jusqu'à présent évité la rébellion. Par ailleurs, la répression encadrée par Cuba a donné ses fruits, débouchant sur plus de 12.180 arrestations politiques entre janvier 2014 et début avril cette année, selon le groupe de défense des droits de l'Homme vénézuélien Foro Penal. Les prisons et les centres de détention sont aussi dangereux qu'insalubres et offrent peu ou pas de nourriture. Alors que la torture est une pratique courante, la représentation juridique ne l'est pas. Les prisonniers peuvent attendre des années avant d'être jugés. Alors que la pauvreté augmente de façon inquiétante incitant trois millions de Vénézuéliens à fuir le pays, le régime a fermement renforcé son emprise sur le pouvoir. Au début du mois, l'homme de La Havane à Caracas a prédit une victoire électorale écrasante. « La révolution va emporter la plus grande victoire de toute son histoire électorale », lance Nicolás Maduro. Il n'avait aucune raison de penser qu'il en serait autrement, même si, au mieux, il n'a l'appui que d'un tiers de l'électorat. De nombreux Vénézuéliens se sont engagés à ne pas faire partie d'un processus électoral dans lequel d'importants partis d'opposition ont été interdits. Le gouvernement a, en effet, empêché certains des dirigeants les plus populaires du pays de s'y présenter. Parmi ceux-ci figurent notamment l'ancien maire du district de Chacao à Caracas, Leopoldo López, assigné à résidence; l'ancien maire de Caracas, Antonio Ledezma, qui est actuellement en exil; et un ancien maire de San Cristóbal dans l'Etat de Táchira, Daniel Ceballos, qui est en train de pourrir dans une prison de Caracas. Quant à l'ancien membre du Congrès Freddy Guevara, il a évité la prison l'été dernier en se réfugiant à l'ambassade du Chili à Caracas, où il se trouve actuellement. Les listes électorales sont falsifiées. Il n'y a pas non plus de presse libre. Le conseil électoral national n'est qu'un autre outil du régime. Les machines à voter électroniques génèrent la peur du fait que le vote ne soit pas secret. Cette possibilité est effrayante puisque le gouvernement contrôle même l'approvisionnement alimentaire. On peut dire que participer dans ces circonstances ne pouvait que légitimer une imposture. Cependant, tous ceux qui rejettent la machine Maduro ne sont pas restés chez eux. Les classes les plus vulnérables du Venezuela ressentent plus la détresse économique que les autres groupes socio-économiques. Ils n'ont pas les ressources pour fuir le pays ni de la famille à l'étranger pour les soutenir. Ils dépendent des rations alimentaires distribuées par le gouvernement. D'ailleurs, beaucoup d'entre eux détiennent des cartes d'identité du parti au pouvoir comme moyen d'avoir un accès privilégié à la nourriture. Ils savent qu'ils sont surveillés. L'abstention était donc très risquée. Certains ont même nourri l'es poir que l'opposition gagnera. La dictature a eu recours à une combinaison d'intimidation et de désespoir pour faire passer le message qu'elle voulait: assez de participation pour l'appeler une élection. Le principal rival de M. Maduro était Henri Falcón, un ancien chavista qui a rompu avec le régime en 2012. Sa candidature a créé l'impression d'une course légitime, suscitant des soupçons sur ses motivations parmi les opposants au régime de Maduro. Mais il a promis la libération de tous les prisonniers politiques et la dollarisation de l'économie. Si la course s'était déroulée dans les règles, M. Maduro serait vaincu. La production pétro- lière est de moitié inférieure à son niveau avant la naissance du chavisme en 1999. Cela a entraîné une forte baisse de la devise forte nécessaire au règlement des importations – non seulement pour la consommation mais aussi pour la production. A titre d'exemple, les agriculteurs ne sont plus en mesure d'obtenir les engrais, ni les semences, ni les pièces détachées pour le matériel agricole comme les tracteurs. En outre, l'approvisionnement alimentaire national a chuté de façon précipitée. L'effondrement va bien au-delà de la malnutrition. Le Venezuela est aujourd'hui aux prises avec une anarchie économique où les éléments les plus impitoyable s'élèvent au sommet et s'accaparent de tout ce qu'ils peuvent à tout prix au dépens du pays. L'une de leurs entreprises se permet de voler des câbles électriques en cuivre, laissant dans l'obscurité plusieurs secteurs de Caracas et de grandes villes comme Maracaibo. Des camions privés qui livrent l'eau à partir d'une crique remplissent le réseau d'eau de Caracas en panne depuis longtemps dans certains quartiers. Aujourd'hui, le régime qualifie ces entrepreneurs de « spéculateurs » et a interdit leurs activités. Attendez-vous à ce que les forces armées en prennent le contrôle. Les guérilleros colombiens gambadent dans le milieu rural en toute impunité pendant que les milices chavistes gouvernent les barrios. Mais qui a gagné les élections ? Cela n'a pas d'importance.