Les migrations intra-africaines peuvent être bénéfiques pour la transformation structurelle dans les pays de destination si elles sont bien gérées, et pourraient entraîner une augmentation substantielle du Produit intérieur brut (PIB) par habitant en Afrique d'ici 2030, selon le rapport 2018 de la Conférence des Nations-Unies sur le commerce et le développement (CNUCED), rendu public jeudi à Rabat. Cela signifie que le PIB par habitant progresserait à un rythme de croissance annuel de 3,5% à compter de 2016, pour atteindre 3.249 dollars en 2030, souligne ce rapport portant sur « Le développement économique en Afrique: Les migrations au service de la transformation structurelle », présenté par Mme Lisa Borgatti, économiste à la CNUCED. Ce rapport, qui constitue un document de référence pour la définition d'une position africaine, à quelques mois de la conférence intergouvernementale de Marrakech (décembre 2018) qui devra adopter le Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières, montre que les migrations peuvent aider à améliorer la productivité du travail dans les pays de destination, ajoutant qu'une augmentation du nombre d'immigrants entraîne une hausse du taux de productivité sectorielle et une progression de la valeur ajoutée manufacturière. Tout en donnant un nouvel éclairage sur le rôle des migrations intra-africaines dans le développement de l'Afrique, ce document du CNUCED invite à consacrer les ressources destinées au développement à l'amélioration des facteurs structurels, afin de produire des effets à plus long terme sur la transformation structurelle de l'Afrique. Abordant la question migratoire sous l'angle africain, ce rapport cherche à savoir comment les pays d'Afrique pourraient exploiter le potentiel économique de leurs ressources humaines nationales et étrangères, à la fois à l'intérieur et à l'extérieur de leur territoire, de manière à favoriser la transformation structurelle. En montrant la réalité complexe des facteurs et de l'évolution des migrations, le rapport invite à adopter une nouvelle vision stratégique pour une gestion effective des mouvements migratoires en Afrique. Cette vision dépasse la simple question de la mobilité de la main-d'œuvre et englobe des éléments pertinents dans les domaines de l'investissement, du commerce et de la technologie. Tout en proposant d'influer sur les facteurs et les effets des migrations par la voie des politiques relatives au commerce, à l'investissement et à la technologie, le rapport formule des recommandations quant à la manière de contribuer à la transformation structurelle, tout en établissant une distinction entre le principe de liberté de circulation des personnes et les mesures concrètes pour la mobilité de la main-d'œuvre. Parmi ces principales recommandations figurent la nécessité de veiller à la cohérence des politiques relatives aux migrations, au commerce, à l'investissement et aux technologies pour créer les conditions propices à la transformation structurelle et d'appliquer les cadres directifs, légaux et réglementaires sur la liberté de circulation des personnes au niveau du continent. Il appelle, également, à établir des dispositifs régionaux et continentaux pour tirer parti des migrations intra-africaines et les mettre au service de la transformation structurelle, à tenir compte des questions de genre dans les politiques et les réglementations migratoires et à créer des partenariats public-privé pour faciliter la mobilité de la main-d'œuvre à l'intérieur des communautés économiques régionales et sur tout le continent. Le CNUCED plaide, aussi, en faveur de la nécessité d'exploiter des partenariats multilatéraux pour remédier aux facteurs structurels des migrations extra-continentales et de conclure un pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières.