Des milliers d'hommes, de femmes et des enfants sont détenus dans des conditions « horribles » en Libye, selon un rapport conjoint du Haut-Commissariat de l'ONU aux droits de l'homme et de la Mission d'appui des Nations Unies en Libye (MANUL), publié mardi. «L'horreur et l'arbitraire de ces détentions touchent à la fois les victimes et les familles» , a déclaré Zeid Ra'ad Al Hussein, Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, tout en ajoutant que «les violations et les abus doivent cesser – et les responsables de tels crimes doivent en être pleinement comptables et être traduits en justice» . Ce rapport conjoint du Haut-Commissariat et de la MANUL résume les principales préoccupations relatives à la détention en Libye depuis la signature de l'Accord politique libyen (APL) le 17 décembre 2015 jusqu'au 1er janvier 2018. L'ONU relève qu'il est difficile d'avoir des chiffres exacts, en raison de l'absence de statistiques officielles des ministères de l'Intérieur et de la Défense et de données provenant des centres de détentions directement administrés par les groupes armés. Toutefois, selon les estimations de l'ONU, près de 6.500 personnes seraient détenues dans des prisons officielles supervisées par la police judiciaire du ministère de la Justice en octobre 2017, dont le centre de détention de la base aérienne de Mitiga à Tripoli qui abrite environ 2.600 hommes, femmes et enfants, la plupart sans accès aux autorités judiciaires. Aussi, près de 1.800 personnes seraient détenues à la prison de Kuweifiya, le plus grand centre de détention de l'est de la Libye. Le rapport de l'ONU fait également état d'allégations concordantes de décès en détention. «Les corps de centaines de personnes détenues par des groupes armés ont été découverts dans les rues, les hôpitaux et les décharges, la plupart avec des marques de torture et de blessures par balles» . Pour rappel, le 29 novembre dernier, en marge du sommet UA-UE, un accord international réunissant les dirigeants de 9 pays européens et africains, dont le Maroc, a été scellé avec la participation de l'ONU, de l'UE et de l'UA, pour mettre en place l'évacuation d'urgence des migrants en Libye. De son côté le ministre délégué chargé des Relations avec le parlement et la société civile, porte-parole du gouvernement, Mustapha El Khalfi, avait indiqué en 2017 que le gouvernement travaille «avec un grand sérieux» pour conclure l'opération de rapatriement de migrants marocains en captivité en Libye.