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La barbarie et les droits de l'homme
Publié dans L'observateur du Maroc le 22 - 02 - 2018


Ahmed Charaï
Les chaînes américaines ont diffusé une image saisissante, fruit d'un télescopage de deux événements liés à la même tragédie. Celle de la fusillade perpétrée dans un collège dans l'Etat de Floride, qui a fait dix-sept victimes innocentes. D'un côté, on voyait les obsèques des victimes, des jeunes, beaux et belles, selon leurs photos, souvent souriants, des vies volées, des familles dévastées à jamais, des parents qui n'arrivent même pas à se tenir debout, ni à parler, sans être suffoqués par l'émotion. De l'autre côté, on voyait le meurtrier propre sur sa personne, bien rasé, face à ses juges pour la première comparution, sans le moindre hématome, parce que l'Etat de droit n'a pas laissé place au moindre désir de vengeance, et que c'est bien qu'il en soit ainsi. Cela pose de nouveau la question de la peine de mort. Les abolitionnistes s'appuient sur un argument : la société ne peut pas être barbare, ne peut pas ôter la vie d'un délinquant, quelque soient son ou ses crimes. Subsidiairement, ils utilisent la possibilité d'erreur Judiciaire. Il y a des situations où ce raisonnement ne peut que heurter la sensibilité humaine. Salah Abdesslam est responsable de la mort de 130 personnes, au nom d'une idéologie. Il vivra aussi longtemps que la nature le lui permettra. Il nargue les familles des victimes, l'Etat, la Justice, la société, en refusant de parler. C'est un supplice de plus, pour celui qui a perdu son enfant, juste parce qu'il était dans un concert de musique. Aux USA, un serial killer, condamné à la perpétuité pour 70 meurtres, vient d'en avouer dix-sept autres. L'Etat qui l'a jugé ne pratiquant pas la peine de mort, il restera emprisonné à vie. Des femmes lui proposent le mariage, des livres, des documentaires lui sont consacrés, il a l'impression d'avoir une « reconnaissance », d'être une star, alors qu'il a trucidé, pris la vie, gratuitement. Au Maroc, nous adorons le mimétisme. Il faut abolir la peine de mort, nous dit-on, pour les mêmes motifs soulevés plus haut. Or nous avons, nous aussi, nos barbares. D'abord les terroristes, qui professent des théories glaçantes sur l'assassinat de masse et qui n'ont aucun respect pour la vie humaine, y compris celle des enfants. Et puis, il y a les pédophiles, ces monstres qui violent et tuent des enfants, comme le cas de celui de Taroudant, qui en a assassiné une vingtaine. En quoi la vie de ces barbares aurait-elle plus d'importance que celle d'un enfant ? Pourquoi est-ce que le contribuable devrait-il assurer la pitance, les soins à ces monstres ? L'abolition de la peine de mort pour les barbares est un non-sens, un conformisme. Il y a peut-être des distinctions à faire, et c'est aux juges d'en décider, mais il faut appliquer la peine de mort dans ces cas. La Justice n'est pas la vengeance, peut-être, mais que fait-on du droit des victimes à la réparation ? Si quelqu'un prend la vie de votre enfant, après l'avoir violé, seriez-vous satisfait de le voir libre dans trente ans ? C'est ce qui arrive avec les réductions de peine. Seule la peine capitale est à la mesure de ces horreurs.


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