Le Maroc est réellement une exception. Depuis le discours royal du 9 mars, le débat sur la constitution a permis de mettre en valeur les attentes des uns et des autres. Le constat est unanime. Ce qui est proposé par la volonté du souverain va au-delà des attentes des plus hardis. Jamais une monarchie dans l'histoire n'a offert autant de gages à la souveraineté populaire sans être sous une pression d'envergure. Les partis politiques sont donc interpellés. Ils doivent se mettre au diapason de l'étape historique. Après avoir longuement débattu, le moment est venu pour eux de mobiliser les électeurs. D'abord pour faire du référendum un succès en matière de participation, condition absolue pour donner rapidement vie à des institutions représentatives crédibles. Enfin en élaborant des programmes clairs, réalistes, à même de permettre à l'électorat de choisir lors des prochaines échéances et de faire de celles-ci une véritable compétition démocratique. Il ne faut pas céder au fatalisme. Il existe des forces vives au sein de ces partis capables de relever le challenge et leur ouverture sur la société ne peut que renforcer ces forces. Justement, on était en droit d'attendre des jeunes du 20 Février qu'ils participent activement au processus de rajeunissement, de rénovation de la classe politique, car tel était leur horizon. Ils ont préféré s'enfermer dans un schéma contestataire, refusant toute force de proposition. Manipulés par des organisations extrêmes, ils se retrouvent aujourd'hui dos au mur, car une fois la constitution adoptée, ils ne pourront plus descendre dans la rue pour réclamer... la révolution du peuple. Le combat contre les crimes économiques ne peut être qu'un processus de longue haleine, largement assujetti à la réforme politique et à l'émergence d'institutions représentatives crédibles et bénéficiant d'un vrai soutien populaire. Ces jeunes, ceux du 20 Février, ont encore la possibilité de peser sur la vie politique, durant le débat sur la constitution et intégrant le combat politique organisé par la suite. La sphère médiatique n'est pas à l'abri des exigences de l'heure. Depuis des années, le vide politique et l'absence de débat d'idées ont créé une tendance au sensationnel, dévalorisant la vie partisane et la réduisant à du crêpage de chignons. Cette attitude a participé clairement, mais non de manière décisive, au désaveu des législations de 2007. Aujourd'hui, il nous faudra changer de fusil d'épaule en rendant à la chose publique sa noblesse, en relayant, voire en incitant le débat. Les changements historiques en cours imposent à tous les acteurs une adaptation rapide et une élévation du niveau du combat politique. Ceux qui ne réussiront pas à le faire risquent l'extinction pure et simple, car le train de l'histoire n'attend pas.