4ème anniversaire de l'intronisation de S.M Mohammed VI Le discours prononcé par S.M. le Roi Mohammed VI à l'occasion de la fête du Trône ne s'est pas uniquement distingué par la franchise objective, malgré sa dureté, mais aussi par l'audace intellectuelle qui n'a plus cours dans les discours politiques, surtout en cette période de l'histoire décadente du monde arabe. En effet, le Souverain n'a épargné aucun aspect qui lui paraissait essentiel à l'analyse de la situation de son pays. Il a même remué le couteau dans la plaie. De toute évidence, il n'est jamais aisé, pour un responsable quels que soient son poids et sa dimension politiques, de poser les vrais problèmes, de reconnaître les erreurs ni de fournir des prétextes aux opposants. Malgré cela, il a transcendé toutes les considérations les plus sensibles pour hisser le niveau de son discours au point d'assumer la responsabilité en tant que premier serviteur du peuple marocain tout en appelant à l'édification collective du projet de société démocratique et moderniste qui est le projet de toute la nation. Aussi, tous les responsables, individuellement ou collectivement, toutes les autorités, institutions, formations politiques et associations doivent-ils assumer leur responsabilité dans l'édification de ce grand édifice. Le jeune Roi n'a pas hésité un instant, lui qui a depuis le premier jour de son règne, essayé de réconcilier le Maroc avec lui-même et avec son environnement, comme il l'a démontré à maintes reprises, dont la dernière en date est la gestion à la fois ferme et rationnelle du dossier des attentats terroristes de Casablanca, à traiter toutes les questions sensibles pour lever toute ambiguïté susceptible d'apparaître actuellement de même qu'à l'avenir. Il a ainsi insisté sur le référentiel de la Monarchie constitutionnelle qui repose sur l'Islam et la démocratie en tant que choix irréversibles et cela constitue une belle démonstration de la maturité politique de Mohammed VI, d'autant plus qu'actuellement une campagne de dénigrement de l'Islam bat tous les records et est orchestrée par des auteurs occidentaux qui n'hésitent pas à taxer la religion musulmane de tous les maux, notamment la violence et le rejet des principes de la tolérance et de la démocratie. Face à cette tendance, la position du Roi Mohammed VI a été audacieuse à bien des égards, notamment quand il a souligné que l'Islam est la religion d'Etat scellée par un contrat constitutionnel qui accorde une place de choix au Conseil supérieur des Oulémas et aux conseils régionaux en vue de leur réhabilitation et la dynamisation de leur action. La liberté dans la responsabilité D'autre part, la question de la transition démocratique a occupé une place prépondérante dans le discours royal dans ce sens que la souveraineté de la loi détermine le processus engagé pour que la démocratie ne soit pas un prétexte ouvrant la voie aux dérapages. Cependant, s'il est vrai que la liberté est une et indivisible, elle doit s'inscrire dans la responsabilité puisqu'elle ne peut être parcellisée ou à la carte. Or, la démocratie est avant tout une culture qui ne peut se prévaloir sans d'authentiques démocrates. D'ailleurs, les exemples à ce sujet ne manquent pas dans le monde arabe et concernent ceux qui veulent donner des leçons en matière de démocratie et de droits de l'Homme. Donc, il s'agit d'authentiques nationalistes qui ne se mettent pas au service de l'étranger. Et le Maroc n'a nul besoin de démocrates qui font acte d'allégeance à plusieurs sources de pouvoir. En ce qui concerne les constantes de la Nation, le Roi Mohammed VI a traité de la question du Sahara, de l'intégrité territoriale du Royaume et de l'option du plan de paix pour résoudre la crise artificiellement entretenue autour des provinces sahariennes. A ce sujet, le Souverain marocain a appelé les Marocains à redoubler de vigilance et à se mobiliser de façon constante. Ceci veut dire qu'il a fait une lecture exhaustive de l'histoire ancienne et récente afin d'en tirer les enseignements nécessaires. C'est pour cela qu'il n'est pas permis de tergiverser sur la question de la souveraineté sachant que ceux qui prônent des concessions et les justifient au nom de l'objectivité, du rationalisme et des rapports de force, doivent bien se mettre à l'évidence que le processus de clarification a été entamé et que les sanctions les plus sévères sont prévues dès lors qu'il s'agit de la sacralité de l'intégrité territoriale. Dans ce cadre, il ne faut surtout pas exploiter les marges de liberté, dès lors que les lignes rouges ont été franchies. A ce propos, le Roi Mohammed VI ne fait que réitérer la parole de Dieu: "Ô fidèles de Dieu, patientez, résistez, cantonnez-vous et faites louage à Dieu, vous ne pourrez que réussir". Le monarque a accordé également une grande importance aux partis politiques et au rôle qu'ils doivent jouer. Il leur a fourni, à cet égard, une autre opportunité pour leur réhabilitation et pour le regain de confiance, rappelant que la participation à la gestion des affaires publiques est un devoir et non pas un honneur. Ainsi, la démocratie ne peut se renforcer qu'avec l'existence de partis politiques forts, ce qui n'est pas le cas actuellement. Mais le Roi a poussé indirectement son peuple à sensibiliser ces partis et leurs leaders au sujet de leur responsabilité en cette étape cruciale. En effet, ils doivent même rendre des comptes à ce peuple. Or, cette nouvelle tendance et cette interpellation directe induisent que le peuple marocain ne doit plus permettre à certaines formations politiques de traiter de sujets électoralistes sans aucun intérêt. Dans ce cadre, il importe que les partis traditionnels, à l'histoire chargée de symboles, doivent prendre l'initiative et occuper le terrain conquis injustement par les associations dites de la société civile qui tentent de s'ériger en alternatives politiques alors qu'elles sont dépourvues de programmes, de bases populaires, dont le nombre d'adhérents ne dépasse pas parfois les doigts d'une seule main et qui tiennent leurs assemblées par téléphone. Un projet par étapes Par ailleurs, parmi les aspects du discours qui ont retenu l'attention des observateurs, l'existence d'un réel projet de société que le Souverain veut édifier par étapes, considérant que la résorption des problèmes de la pauvreté et du sous-développement nécessite bien du temps, mais passe par le rétrécissement du fossé qui sépare les classes sociales. Aussi, le Souverain a-t-il convenu de l'existence d'un réel problème de prolifération de l'habitat clandestin et de l'extension des bidonvilles aux périphéries des grandes villes. Ces phénomènes portent atteinte à la dignité des citoyens et à la nécessaire cohésion sociale des Marocains. C'est pour cela que le Roi a insisté sur la nécessaire relance du programme de construction de dizaines de milliers de logements sociaux qui prennent en considération la hausse du taux démographique et l'élément du temps qui constituent à long terme une bombe à retardement et qui peuvent être exploités par des milieux bien déterminés pour porter atteinte à la stabilité du pays. Le discours royal n'aurait pas été complet s'il n'avait pas traité de la dimension arabe. Le Souverain en tant que président du comité Al Qods, a démontré tout au long de ses quatre années de règne et en dépit des contraintes politiques qu'elles font peser sur le Maroc au niveau international, son attachement irréversible aux constantes de la nation arabe. De même que le discours royal a constitué une occasion pour le raffermissement de la solidarité arabe. En effet, et depuis son accession à l'indépendance, le Maroc n'a jamais failli à ses engagements comme le démontrent les multiples sommets arabes organisés sur sa terre. Et Mohammed VI de rappeler ces engagements lors de son périple proche-oriental, notamment sa visite à Damas où il a exprimé, avec le président Bachar Al Assad, le souci de préserver la nation arabe de nouvelles secousses et son insistance sur l'application des résolutions du sommet de Beyrouth. Pour cela, il est nécessaire, selon le Souverain de réactiver l'esprit de la déclaration d'Agadir qui prévoit une intégration économique bien étudiée. En guise de conclusion, le discours royal a été homogène avec la réalité de l'étape et avec les convictions profondes d'un jeune Roi conscient de ses responsabilités et de la gravité de la situation. Ainsi, la fermeté objective a sérieusement ébranlé les plans de ceux qui veulent pêcher dans les eaux troubles.