Mais avant d'en arriver à sa duplication dans les autres Zones industrielles (ZI) du Maroc, le projet pilote de gestion des déchets industriels communs doit passer par plusieurs étapes. Lancée par Izdihar, l'Association des opérateurs économiques des zones industrielles de Sidi Bernoussi, cette initiative est née du souci grandissant des différents acteurs industriels et des autorités locales quant à la gestion des déchets. «A Sidi Bernoussi, les points noirs sont légion. En plus de défigurer le paysage, ils constituent un souci écologique pour la zone et un véritable danger pour les populations», nous explique Siham El Khaddar, directrice d'Izdihar. Si la question de l'environnement est l'une des motivations de ce projet, elle n'en est pas la principale. «Ce projet va permettre la mutualisation des déchets en vue d'une baisse considérable du coût du traitement», insiste El Khaddar. Coûtant plus de 1500 DH par kilo, le traitement des déchets industriels banals représente en effet une véritable problématique et une charge imposante pour les différents secteurs d'activités de la zone industrielle de Sidi Benroussi et des autres ZI du pays. D'après ses initiateurs, le projet, qui est en phase de démarrage actuellement, est une façon de fédérer les efforts et les moyens pour une meilleure gestion des déchets générés par les 575 unités industrielles de la zone. Installées sur une superficie de 1.000 hectares, ces industries interviennent dans les quatre principaux secteurs d'activité, à savoir le textile et le cuir, la chimie et parachimie, l'agro-alimentaire et l'industrie mécanique, la métallurgique, électrique et électronique. Soit différents secteurs avec différents procédés et différentes natures de déchets. Former et informer «L'idée est de dispenser des programmes de formation en faveur des cadres salariés des entreprises participantes au projet» nous explique la responsable. Misant sur l'élément humain, l'association n'en est pas à son coup d'essai avec la question environnementale. Izdihar a été auparavant à l'origine du projet : «Industries citoyennes». Sensibiliser les acteurs de la zone à la problématique de la pollution industrielle, contribuer à la réduction des émissions de gaz à effet de serre, améliorer la qualité environnementale et former les industriels en protection de l'environnement sont autant d'objectifs visés par cette opération. Pour son nouveau projet, l'association bénéficie du financement et de l'assistance technique de la Coopération internationale allemande (GIZ). Concernant les différends modules de la formation proposée, Siham Al Khaddar évoque en premier lieu la réglementation actuelle et future. Si la loi n° 28-00 relative à la gestion des déchets et à leur élimination a été promulguée en décembre 2006, les décrets de son application tardent quant à eux à arriver. «D'où l'intérêt d'une mise à jour des connaissances légales des décideurs et du personnel travaillant pour le compte des industries émettrices de déchets. Il faut être conforme à la loi à l'heure de son application et c'est cela notre objectif premier», insiste la responsable. S'informer, se former, savoir gérer les déchets, les trier et les traiter selon les exigences de la réglementation en vigueur, sont autant de volets inclus dans cette formation qui démarrera en juin 2011 et s'étalera sur quatre mois (jusqu'en septembre). Au bout de cette expérience, les équipes participantes se doivent de formuler des bilans rendant compte de la situation concernant les différents secteurs d'activité de la ZI. «Nous avons besoin de 20 bilans par secteur au minimum. Ils seront élaborés avec l'aide d'un cabinet expert en traitement de déchets», explique El Khaddar. Un cahier de charges définira les responsabilités de chacun et la mise en application des différentes recommandations. «En effet, ce projet va nous permettre de partager les expériences et de fédérer les efforts tout en renforçant les partenariats avec les acteurs publics et privés», déclare la responsable qui nous annonce par la même occasion un autre projet. «C'est un collectif qui regroupera d'autres associations issues de zones industrielles actives, les sociétés de gestion de parcs d'activités, le secrétariat d'Etat chargé de l'Eau et de l'environnement, le ministère du Commerce, de l'industrie et des nouvelles technologies, le Centre régional d'investissement, les Chambres de commerce et la CGEM», énumère El Khaddar. Plateforme Si le concept prend du retard dans sa réalisation, il n'en est pas moins ambitieux. Izdihar présente ce collectif comme une plate-forme de partage d'expériences entre les ZI. « Le collectif jouera le rôle d'interlocuteur de l'administration pour les questions d'environnement dans les ZI et des prestataires privés de services environnementaux (dépollueurs)» ajoutent les responsables du projet. Mais le rôle du collectif ne se limitera pas à la coordination. Il se propose comme garant de l'ouverture des zones industrielles sur le monde de l'éducation et de la recherche dans le domaine de l'environnement et de l'efficacité des ressources. D'après Siham Al Khaddar, la validation de ce projet par les associations des ZI et par les autorités est attendue d'ici fin juin. D'après elle, ce collectif constituera le cadre idéal pour la duplication du projet pilote de la gestion collective des déchets industriels. Il permettra également de mettre en place une bourse des déchets sur le net pour une commercialisation recyclante. Plein de chantiers pour une meilleure gestion des déchets mais également pour l'amélioration de l'image de la ZI de Sidi Bernoussi en particulier et des ZI nationales en général. «Ces projets ont des portées économiques certes, mais cela n'empêche qu'ils sont porteurs d'une envie de changement, que ce soit au niveau écologique ou social. Sidi Bernoussi, c'est également une zone peuplée qu'on se doit de préserver», conclut Siham Al Khaddar.