La 22e Conférence des Parties à la Convention Cadre des Nations Unies sur le Changement Climatique, (COP 22) qui se tient à Marrakech du 07 au 18 novembre, a été marquée, ce mardi 15 novembre, par le discours prononcé par le Roi Mohammed VI à la séance solennelle de haut niveau qui ouvre les travaux de la première réunion des parties à l'Accord de Paris (CMA). Le Souverain a commencé par rappeler que c'est la deuxième fois que le Royaume accueille la COP, la première fois était en 2001. « «Le fait que Marrakech accueille aujourd'hui cette conférence est une preuve de tout l'intérêt que nous attachons aux questions de l'environnement et du climat parmi les priorités du Royaume », a insisté le Roi Mohammed VI. Et le Souverain d'ajouter : « En effet, notre pays compte parmi les premiers Etats à avoir contribué à l'émergence d'une prise de conscience mondiale quant au changement climatique, et ce, depuis ma participation, en 1992, au Sommet de la terre de Rio, où, en ma qualité de Prince héritier à l'époque, j'ai conduit la délégation du Maroc ». La situation de la planète s'étant aggravée depuis, Mohammed VI a affirmé que l'humanité entière place de grands espoirs sur les décisions qui seront prises au cours de la conférence de Marrakech. Le Souverain a bien précisé que ce qui est attendu ce n'est pas une simple annonce d'engagements et de principes pour enrayer le réchauffement climatique et en atténuer les effets, mais plutôt des décisions aidant à sauver l'avenir de la vie sur terre et à la prise d'initiatives concrètes et de mesures pratiques à même de préserver les droits des générations à venir. Pensant, en premier, aux victimes des changements climatiques, Le Roi Mohammed VI a souligné que l'impact de ces changements ne cesse d'empirer dans les pays du sud et les pays insulaires menacés dans leur existence même. Notant la prise de conscience accrue, qui s'est fait remarquer ces 15 dernières années quant à la nécessité de protéger l'environnement, le Souverain a affirmé que la différence est grande entre les pays et les régions concernant la culture liée à l'environnement, notant que les priorités des pays industrialisés ne sont pas les mêmes que celles des pays en développement. « Tout aussi important est l'écart qui les sépare en termes de moyens », a-t-il poursuivi, qualifiant l'implication à travers l'Accord de Paris pour les questions environnementales de nécessité morale et de devoir humain devant s'adosser à la foi dans l'inéluctabilité du destin commun et la solidarité sincère entre le Nord et le Sud pour préserver la dignité humaine. La COP de la vérité et de la clarté « De nombreuses promesses ont été faites dans de multiples conférences antérieures. Mais notre conférence aujourd'hui est celle de la vérité et de la clarté; une conférence pour prendre nos responsabilités devant Dieu et l'Histoire, et devant nos peuples », a déclaré le Souverain. Et d'ajouter : « L'ère coloniale est révolue, tout comme la logique qui consiste à imposer les décisions. En fait, l'enjeu, c'est l'existence de l'Homme, qui exige de nous d'œuvrer ensemble main dans la main pour la protéger ». D'où l'appel lancé par le Roi Mohammed VI de pas forcer les pays, d'emblée, à accepter des décisions auxquelles ils ne pourront pas se conformer. « Pour autant, cela ne signifie pas qu'ils les rejettent, mais plutôt qu'ils ne disposent pas des moyens nécessaires pour les appliquer », a-t-il expliqué. Mettant l'ensemble des pays du monde devant leurs responsabilités, le Souverain a prévenu que le coût de l'attentisme et le manquement à l'impératif d'affronter le changement climatique et ses effets, auront des conséquences graves, mettant en péril la sécurité et la stabilité et induisant l'extension des foyers de tension et des crises à travers le monde. « Au nom du destin commun, et au nom de notre responsabilité historique, j'engage toutes les parties à œuvrer pour donner corps à notre attachement aux valeurs de justice et de solidarité ». Le Roi Mohammed VI a appuyé son appel par des propositions pratiques. Sa première pensée est allée aux pays du sud, et plus particulièrement aux pays les moins avancés et aux Etats insulaires, qui doivent avoir la possibilité de bénéficier d'un soutien financier et technique urgent leur permettant de renforcer leurs capacités et de s'adapter aux changements climatiques. Mohammed VI a aussi exhorté les pays avancés à respecter leurs engagements et à mobiliser, à l'horizon 2020, les fameux cent milliards de dollars, au moins, qualifiés par le Souverain de clé de voûte de l'Accord de Paris. L'appel royal a porté également sur le transfert de technologie devant être facilité et la nécessité d'œuvrer au développement de la recherche et de l'innovation dans le domaine du climat. Le Souverain a enfin mis en exergue la contribution des acteurs non gouvernementaux, entreprises, collectivités territoriales et associations de la société civile, à une forte dynamisation des initiatives : « Action globale pour le climat ». Au-delà de l'Accord de Paris Grâce à sa stratégie de production des énergies propres, le Maroc est cité exemple dans le monde. Le Souverain a d'ailleurs rappelé quelques axes majeurs de cette stratégie amie de la planète, qui traduit dans les faits les engagements du Royaume dans une lutte efficace contre les changements climatiques. Cet effort se poursuivra, mais chacun doit « faire sa part ». Dans cette perspective, le Roi Mohammed VI a estimé que l'Accord de Paris n'est pas une fin en soi. Pour lui, les résultats de la Conférence de Marrakech sont, plutôt, un test réel pour mesurer la fiabilité des engagements que nous avons souscrits et la crédibilité des parties qui les ont annoncés ». Et de conclure : « L'heure est venue pour redresser la situation actuelle. Nous n'avons d'autre choix que d'œuvrer à rattraper le temps perdu par une mobilisation continue et globale et une cohésion constructive, pour assurer aux générations successives une vie commune digne et durable. »