La COP22 a démarré. Les enjeux pour le continent noir y sont immenses. Le réchauffement climatique, toutes choses restent égales par ailleurs, induira des sécheresses terribles, des transferts de population déstabilisateurs, des conflits autour des ressources naturelles, en particulier l'eau. En même temps, le continent est appelé à participer à la lutte pour la sauvegarde de la planète, alors même qu'il tente de sortir du sous-développement, d'assurer sa sécurité alimentaire, d'offrir des emplois à la population la plus jeune du globe. Ces contradictions ne peuvent être résolues que par des engagements sérieux des pays pollueurs, et une gouvernance créative, courageuse, des Etats africains. Le discours royal du 6 novembre, prononcé par le Souverain depuis Dakar, prend en compte cette problématique essentielle. Le Roi a affirmé que la COP22 doit être celle de l'Afrique. C'est un engagement du pays hôte, qui est largement partagé, par les Africains, mais aussi par toutes les ONG, les spécialistes, qui, depuis des années, réclament un effort particulier pour ce continent, sans lequel tous les efforts seront vains. Le discours royal de Dakar a été un moment fort. En plein milieu d'une tournée en Afrique de l'Est, il est venu rappeler le rôle africain du Maroc. Même non- membre de l'OUA, puis de l'Union Africaine, à cause de la forfaiture d'Edem Kodjo en 1984 à Nairobi, le Maroc est omniprésent en Afrique. L'armée marocaine est présente dans la majorité des missions de paix de l'ONU en Afrique. Le Maroc offre son aide, son expérience dans la lutte anti-terroriste à tous les pays en butte à ce cancer. Et ce, sans jamais intervenir dans la politique intérieure de ces pays. Le Roi a aussi rappelé que, derrière toutes ces actions, il y a une vision, celle du co-développement, de la coopération Sud-Sud, d'un continent solidaire, réellement indépendant, ouvert, mais dans le respect des processus d'intégration, vertueux, réalistes, cumulatifs. Pays hôte de la COP22, le Maroc porte la voix de l'Afrique à Marrakech lors de cet événement mondial, qui doit dépasser les déclarations de principe pour définir des engagements réels, concrets, chiffrables. Mais dès janvier, le Maroc reprendra sa place, institutionnelle, au niveau de l'Union Africaine et ce, malgré la présence de la RASD. C'est, stratégiquement, un fait important pour l'Afrique. Sur des dossiers internationaux comme l'émigration, la sécurité, la lutte anti-terroriste, Rabat est une capitale qui compte et pourra faire bénéficier l'ensemble du continent de sa stature internationale. L'islam marocain, son histoire, ses structures, sont un formidable point d'ancrage pour les communautés musulmanes africaines. La coopération Sud-Sud donne déjà des résultats dans une dizaine de pays. Le Maroc, au cœur de l'Afrique, revient dans l'institution panafricaine, pour jouer pleinement son rôle, hérité d'une longue histoire.