Organisée autour des « Jeunes Grands Maîtres » et placée sous le signe de la jeunesse et de la transmission, la 13e édition du festival des Andalousies Atlantiques d'Essaouira a encore une fois rassemblé les mélomanes de la musique andalouse qui se sont délectés des prestations époustouflantes des jeunes artistes qui ont interprété les plus belles pièces du patrimoine musical judéo-arabe du 20e siècle. Le festival s'est ouvert sur un vibrant hommage à l'emblématique Samy El Maghribi et à son répertoire hors pair mêlant musique andalouse, gharnatie, melhoun, hawzi, chaâbi et chants liturgiques. Un moment fort en émotion immortalisé par la voix de velours de la sublime Sanaâ Marahati, accompagnée de la chorale Diapason. « Samy El Maghribi a toujours été mon idole, nous confie Sanaâ, pour moi, c'est le meilleur chanteur du monde. C'est un artiste complet qui chante, écrit et compose en même temps. Sa voix exceptionnelle est unique et sa touche si particulière est reconnaissable parmi tant d'autres. Son répertoire est très vaste mais pour son hommage, j'ai choisi de chanter l'amour maternel, l'amour, les séparations, les retrouvailles dans sa vie, puis surtout la célèbre chanson « Salouni Nass », qui parle de comment il pouvait à la fois endosser le rôle de chanteur et celui de chantre à la synagogue d'une manière très joyeuse et raffinée». Cet hommage festif a été suivi de l'incroyable représentation de la danseuse contemporaine du flamenco Rosario Toledo qui entre tradition et modernité, a convié le public à une fiesta envoûtante où s'entremêlent musique et danse flamenca. Une ambiance d'euphorie musicale qu'on retrouve également dans les concerts intimistes de Dar Souiri. Des moments magiques rendus possibles grâce aux reprises de Rachid Ouchahad, piochées dans le répertoire judéo-andalou, et son hommage émouvant rendu à Maurice El Medioni, l'un des derniers musiciens et compositeurs juifs d'Algérie. Avant de laisser place à la légende vivante du chaâbi Raymonde El Bidaouia qui à 74 ans, a subjugué le public par sa voix chaleureuse, son énergie mais aussi son sens de l'humour. Avant d'enflammer le soir même la scène El Menzeh devant des fans en liesse. Autres moments forts du festival, le groupe Ushaq Tarab Al Ala qui en interprétant les classiques de la musique andalouse, a enchanté le public avec sa première représentation officielle. Suivi de l'incroyable concert du virtuose Nabil Khalidi et son Trio Oud Caravane, mêlant avec brio sonorités arabes, andalouses et rythmiques tantôt blues tantôt indiennes. Accompagné par Fatima Zohra El Qortobi, l'une des plus belles voix Gharnati, qui a magnifiquement interprété le meilleur des chansons maghrébines populaires. La soirée de clôture a été sans doute la cerise sur le gâteau de cette édition inédite, marquée par la fusion improbable et audacieuse entre le malhoun et les rythmes gnaouis. Un pari réussi qui s'inscrit dans le même état d'esprit de ce rendez-vous annuel de la diversité qui œuvre à promouvoir les aires de convergence culturelle.