Une centaine de musiciens pour l'art de partager et le plaisir de se retrouver Edition audacieuse, peut-être iconoclaste diront certains, Essaouira, agora insatiable de toutes les musiques, a fait le choix cette année de placer son festival des Andalousies Atlantiques sous le signe de la jeunesse et de la transmission. En effet, pour la première fois dans le monde feutré de la musique andalouse, ce sont les «Jeunes Grands Maîtres» de cette école prestigieuse qui seront au cœur et sous les projecteurs de cette 13ème édition qui ne ressemblera à aucune autre. Venus de Tanger, Tétouan, Fès, Chefchaouen, Salé et Essaouira, ils seront plus d'une centaine sur la scène El Menzeh pour nous dire à leur façon, et avec la fougue de leur jeunesse, les promesses de leur talent qui n'a pas attendu le poids des années pour s'imposer aux mélomanes les plus exigeants. Ce miroir de la transmission qui signe cette édition révélera une autre facette des «Andalousies» en donnant cette année encore une place privilégiée à l'exceptionnelle convergence des cultures musulmane et juive quand la musique andalouse et l'histoir leur donnent rendez-vous pour chanter, jouer et danser ensemble. Cette fête de l'altérité et de la diversité aura aussi le visage et la voix de la grande diva Sanaa Marahati qui a choisi de se réapproprier le répertoire de Samy El Maghribi pour mieux le partager avec nous qu'il soit andalou, liturgique, gharnati, chaabi ou hawzi. Dans la même veine et en remontant l'horloge du temps, Raymonde El Bidaouia, une autre icône emblématique de la tradition musicale marocaine la plus populaire, la plus chaleureuse et la plus émouvante qui retrouvera la scène souirie pour croquer à pleines dents, avec gourmandise et sans retenue, ces tranches de vie qui ont trouvé leur port d'attache à Essaouira. Ces chemins de traverse qui partent de Séville, d'Oran et d'ailleurs, d'autres musiciens et chanteurs ont choisi de les emprunter pour nous rejoindre à Essaouira et nous raconter cette belle histoire. Rachid Ouchehad et son groupe souiri ont ainsi choisi de rendre un hommage fraternel et complice à Maurice El Medioni, formidable musicien, chanteur et compositeur et qui depuis Oran a écrit et interprété les plus belles pièces du patrimoine musical judéo-arabe du 20ème siècle. On l'aura compris, ce cru 2016 de nos Andalousies Atlantiques à Essaouira fera date par son inépuisable capacité à dire non aux amnésiques et ouvrir grands ses bras à ceux chaque année plus nombreux qui disent oui à cette fête de la mémoire retrouvée et du bonheur d'être ensemble. L'esprit de la continuité dans la diversité et la reconnaissance du patrimoine marocain judéo musulman continuera à animer le Festival des Andalousies. Un festival culturel unique en son genre qui s'est accaparé d'une belle place au sein des festivals organisés au Maroc, voire au Maghreb. Essaouira à l'honneur de s'inscrire dans cette dynamique culturelle bien précise avec des choix bien pensés, sans oublier pour le plus grand plaisir des nostalgiques, les grands représentants de la musique andalouse, face à un public averti et connaisseur.