Les affrontements de dimanche dernier à Casablanca et à Khouribga ont mis à nu la stratégie d'Al Adl Wal Ihssan et sa dangerosité. Il est clair que les zélateurs de Abdeslam Yassine ont choisi la politique du pire et que pour cela ils instrumentalisent le mouvement du 20 Février. Face à l'immense espoir suscité par le discours Royal du 9 mars, ils n'ont plus d'autre choix que le recours à la provocation pour créer un contexte de violence et discréditer l'ensemble du processus. Cela n'est possible que grâce aux ambivalences et aux ambiguïtés des uns et des autres. D'abord celle de l'Etat à travers l'agence officielle et les médias publics qui parlent «d'organisation interdite mais tolérée», ce qui en dit long sur cette ambiguïté. C'est une notion contraire à l'Etat de droit qui ne peut tolérer aucune exception à la suprématie de la règle de droit. Néanmoins, les partis politiques, les ONG et les jeunes du 20 Février ne sont pas à l'abri des critiques. Face à la stratégie d'Al Adl, ils font la politique de l'autruche. Il leur suffit d'essayer d'être eux-mêmes, c'est-à-dire des démocrates, pour la mettre en échec. Les troupes de Abdeslam Yassine ne sont pas solubles, ni même acceptables en démocratie. Pourquoi ? Parce que leur projet de société est totalitaire. Il n'admet aucune voix discordante, aucune discussion des ordres du Morchid (le guide), élevé au rang des prophètes, en liaison directe avec Dieu et dont les visions en feraient un surhomme. Dans les universités qu'ils contrôlent, les autres courants politiques sont pourchassés et des étudiants marxistes ont été assassinés par ces hordes fascisantes. Ils sont contre les libertés individuelles, les droits des femmes, la liberté d'expression, celle de conscience. Ils n'admettent aucune autre source de droit que leur lecture de la Chariâ et refusent donc les valeurs universelles, les conventions internationales, même celles qui sont des acquis de l'humanité. Alors pourquoi manifester avec eux, leur offrir une protection politique, une respectabilité ? Cette ambiguïté-là il faut rapidement la lever. Au lieu de cela, les manifestants scandent, comme des perroquets, les slogans de la soldatesque de Yassine. Quels sont les détenus politiques dont ils réclament la libération? Il n'y en a tout simplement pas, sauf ceux qui ont théorisé le terrorisme. Parce que la démocratie ne peut admettre en son sein les ennemis de la démocratie, ceux qui la refusent comme mode de gestion de l'espace public, il faut que toute ambiguïté soit levée. Libre à ceux qui pensent que le discours royal, la révolution en cours, ne répond pas à leurs désirs d'exprimer leur opinion. S'ils le font avec Al Adl Wal Ihssan, ils sont l'instrument d'une entreprise de déstabilisation fasciste. Force alors doit rester à la loi.