Contrairement à sa position lors de la marche de Rabat, le mouvement d'Al Adl Wal Ihssane a appelé à une participation massive à Casablanca. Une tentative de démonstration de force qui n'a pas réussi et qui prouve que la "Jamaâ" n'est pas aussi représentative et mobilisatrice que le prétendent ses dirigeants… Comme prévu, la marche contre la guerre en Irak, organisée dimanche à Casablanca, a été marquée par une forte présence islamiste. Plus de 60 % des participants, selon les témoignages. Cette forte participation serait due au fait que le mouvement d'Al Adl Wal Ihssane ait appelé tous ses militants à participer massivement à cette marche. À noter que, vendredi, saisissant l'occasion de la prière d'Addohr, les militants de ce mouvement ont distribué des tracts dans toutes les mosquées de la capitale invitant les fidèles à manifester dimanche contre la guerre en Irak. Rappelons que les instances dirigeantes du mouvement dirigé par Abdessalam Yassine, n'avaient pas participé à la marche de Rabat et avaient préféré celle de la capitale économique. Un geste qui avait été interprété comme une stratégie visant à démontrer l'ampleur de sa force de mobilisation. Si, lors de la marche de Rabat organisée le 23 février, la seule présence islamiste était celle du Parti de la Justice et du Développement (PJD), les adeptes de Yassine voulaient se démarquer politiquement et idéologiquement des militants du PJD. Depuis, les élections législatives du 27 septembre dernier, les observateurs estiment que ce parti a réussi à éclipser tant dans les médias que sur le terrain le mouvement d'Al Adl Wal Ihssane. Il était donc attendu qu'ils saisissent la première occasion pour attirer l'attention sur eux dans une tentative de récupérer le "vedettariat" islamiste au Maroc des mains du PJD. En tête de la manifestation, le porte-parole du mouvement, Fathallah Arsalane, et d'autres membres du cercle politique de la Jamaâ. Une présence annoncée et qui aurait dû inciter les militants à se joindre à la marche. Mais, la présence massive promise par les dirigeants d'Al Adl n'a pas été enregistrée. Ce qui ne veut nullement dire que la marche n'a pas été suivie, mais, il est plus fondé de se rendre compte que "l'énorme capacité de mobilisation" que ce mouvement ne cesse de répéter, à travers ses instances dirigeantes et ses militants, n'est qu'un mythe et un outil de propagande. La fille du chef spirituel du mouvement, Nadia Yassine, a toujours déclaré que son mouvement avait une force de mobilisation dévastatrice et qu'il préfère ne pas en faire l'usage dans l'immédiat. Une thèse qui ne peut plus tenir la route après la marche de Casablanca. En conclusion, il est à signaler que cette stratégie du mouvement de cheikh Yassine ne lui a pas servi beaucoup. Car, tant par le nombre des participants que par sa composition politique, la marche de la capitale économique a été comparable à celle de Rabat et nul ne peut assurer que la participation d'Al Adl Wal Ihssane ait marqué un quelconque changement, à ces deux niveaux, entre les deux manifestations.