Budget Diminuer les dépenses ordinaires, maîtriser la masse salariale et rationnaliser les dépenses de la Caisse de compensation. Voilà les mesures que certains qualifient de politique d'austérité alors que Salaheddine Mezouar préfère parler de vigilance. L'argentier du Royaume va devoir jouer très serré. Il est appelé à maintenir la cadence des investissements publics avec un budget de plus en plus maigre. Il est mis à rude épreuve face à la baisse des recettes et aux contraintes des dépenses, notamment d'investissement et de compensation. Les besoins du Trésor pour l'année en cours se chiffrent à 11 Mds de DH. La baisse des taux intervenue ces deux dernières années au niveau de l'impôt sur les sociétés (IS) et de l'impôt sur les revenus (IR) commence à se faire sentir. Si les finances publiques ont dégagé pendant deux années (2007 et 2008) un excédent budgétaire, 2009 a marqué le retour des déficits. Cette tendance se confirme davantage durant les quatre premiers mois de l'année 2010 où les recettes fiscales ont baissé de 5,6% comparativement à la même période de l'année 2009. Le recul des impôts directs est plus saillant. Ces derniers ont régressé de 21,6%. L'IS a baissé de 26,2% et l'IR a décliné de 13,2%. En revanche, les dépenses ordinaires ont progressé de 20,5%. Cette situation a entraîné un déficit public de 12,5 Mds de DH contre un excédent de 7 Mds de DH au cours de la même période en 2009. D'après Salaheddine Mezouar, les dépenses de compensation sont en grande partie responsables de cette détérioration. Elles ont atteint, durant les quatre mois de l'année, 8,7 Mds de DH contre 1,7 Md l'année dernière. Face à cette situation, selon le ministre de l'Economie et des finances, le gouvernement marocain est le dernier à vouloir se serrer la ceinture. Toutefois, pour assurer un bon fonctionnement des finances publiques, il n'a pas le choix: il doit réviser à la baisse des dépenses relatives à certaines rubriques budgétaires. Mais il reste à définir les contours de la baisse du train de vie de l'Etat. Le dilemme est que le budget d'investissement doit rester intouchable et la fiscalité est hors jeu. Sur le plan fiscal, le gouvernement a quasiment les mains liées. La TVA étant au top de son plafonnement, elle ne peut venir au secours du Trésor. Quant au budget d'investissement, le gouvernement ne peut y toucher pour trois raisons essentielles : d'abord, il constitue le poste le plus dynamique dans la gestion financière de l'exécutif. Grâce à ce budget, dont l'essentiel est à mettre à l'actif des établissements publics, le gouvernement nourrit la demande interne, une grande bouée de sauvetage pour un pays en mal de demande externe. Ensuite, le taux de réalisation du budget d'investissement dépasse rarement les 60%, instaurant ainsi une faiblesse structurelle dans le plan d'exécution des politiques publiques. En outre, il est hors de question de toucher à des projets sur lesquels le gouvernement s'est engagé devant le roi, à l'instar du financement du plan Maroc Vert, du pacte national pour l'émergence industrielle ou encore, du développement de la capacité de production d'électricité au Maroc. Que reste-t-il donc au ministre pour alimenter les caisses de l'Etat et assurer l'équilibre budgétaire? En réponse à cette question, S. Mezouar a exliqué qu'il s'avère nécessaire d'agir sur le mode de vie des administrations et des établissements publics, de maîtriser le volume des salaires et de plafonner les dépenses de la compensation à un seuil ne dépassant pas 2 % du PIB tout en élargissant le cercle des bénéficiaires. Conscient du déficit du Trésor, l'argentier souligne que le gouvernement œuvre, dans le cadre du maintien du taux du déficit au niveau des prévisions de la loi de Finances, à détecter et exploiter toutes les marges disponibles, notamment au niveau des dépenses liées au mode de vie de l'Administration. Il s'agit pour lui de lutter contre les fragilités en adoptant une approche anticipative et en mettant en place les conditions du financement tant au niveau interne qu'externe. Globalement, le ministre continue de tenir un discours rassurant et met en lumière les fondamentaux solides de l'économie marocaine. Chiffres à l'appui, il a signalé que les ventes du ciment ont enregistré une hausse de 1,4 %, la consommation énergétique a augmenté de 6,3 % et les crédits destinés à l'économie ont connu une hausse de 4,5 %. Les exportations ont enregistré une hausse de 16 %, notamment le phosphate et ses dérivées qui ont augmenté de 74 %. Les importations ont également augmenté de 12,4 %, soit 16 Mds de DH supplémentaires. Les transferts des MRE ont enregistré une amélioration palpable de 11,1 %. Les réserves en devises couvrent 6,5 mois. Quant aux prévisions, le ministre des Finances table sur un taux de croissance de 5%, un taux d'inflation de moins de 2 %, un prix du baril à 80 dollars et un déficit budgétaire de 3,5 %. D'après S. Mezouar, les prévisions seront révisées avant l'élaboration du budget 2011.