Le ministre de l'Economie et des Finances, M. Salaheddine Mezouar, a indiqué lundi que les premiers mois de 2010 ont été marqués par une bonne résistance de l'économie nationale, mettant l'accent sur l'impératif de faire preuve de vigilance et d'anticiper les changements des indicateurs au plan mondial. Dans un exposé présenté devant la commission des Finances et du développement économique à la Chambre des représentants sur "l'exécution de la loi de Finances de 2010 et les perspectives du développement du cadre macroéconomique de l'année prochaine", M. Mezouar a passé en revue les plus importants indicateurs conjoncturels à fin mai dernier dans les domaines du bâtiment et des travaux publics, de la consommation énergétique, des crédits destinés à l'économie, du tourisme, du chômage et de l'inflation. Il a, dans ce sens, indiqué que les ventes du ciment ont enregistré une hausse de 1,4 pc, la consommation énergétique (+ 6,3 pc) et les crédits destinés à l'économie (+ 4,5 pc), ajoutant que le taux d'inflation est passé de 2,4 pc à fin mai 2009 à 0,4 pc au cours des premiers mois de l'année en cours. Les exportations ont enregistré une hausse de 16 pc (9,2 milliards de Dh), particulièrement le phosphate et ses dérivées (+ 74 pc), a-t-il dit, ajoutant que les importations ont augmenté de 12,4 pc (+ 16 MMDh) et les transferts des Marocains établis à l'étranger ont enregistré une hausse de 11,1 pc. Les investissements et les emprunts extérieurs, quant à eux, ont accusé une baisse de 23,3 pc et les réserves en devises (marchandises et services) couvrent 6,5 mois, a-t-il dit. Eu égard à cet environnement favorable, le ministre a estimé que le taux de croissance va s'améliorer au cours de l'année en cours en comparaison avec les prévisions préliminaires pour s'établir à 4 pc grâce à la croissance des secteurs non agricoles. Il a indiqué en outre que le secteur agricole connaîtra une bonne performance en comparaison avec une année agricole ordinaire. Concernant les résultats de l'exécution de la loi des Finances à fin juin 2010, M. Mezouar a relevé qu'ils sont en phase avec les prévisions au niveau des recettes et des dépenses, à l'exception des dépenses de la Caisse de compensation, qui se sont accrues en raison de la hausse des prix des produits pétroliers sur les marchés internationaux et du taux de change du dollar. Concernant l'actualisation des prévisions au titre de la loi de Finances 2010, le ministre a indiqué que le taux d'inflation atteindra 2 pc, la moyenne des prix du pétrole (78,5 dollars contre 75 dollars le baril) et celle du gaz liquide (670 dollars la tonne contre 580 dollars). Le déficit du trésor enregistrera, en conséquence, une légère hausse en comparaison avec les prévisions, soulignant que le gouvernement Œuvre, dans le cadre du maintien du taux du déficit au niveau des prévisions de la loi de Finances, à détecter et exploiter toutes les marges disponibles. Concernant les prévisions préliminaires du cadre macroéconomique pour 2011, M. Mezouar a indiqué que la loi de Finances de l'année prochaine sera élaborée dans une conjoncture internationale fragile marquée par le recul du taux de croissance chez les partenaires économiques, la hausse de la dette, l'adoption de politiques d'austérité, la recrudescence du chômage, la perturbation des prix des produits de base sur les marchés internationaux et du taux de change des devises, faisant remarquer que cette situation exige une gestion de la crise selon une approche à moyen terme. Il a relevé que parmi les priorités du projet de loi de Finances 2011 figurent notamment l'accélération du rythme de croissance à travers la poursuite des efforts d'investissement du secteur public et des réformes structurelles, le soutien des stratégies sectorielles pour la diversification des ressources de croissance, la facilitation de l'investissement privé, le drainage des investissements étrangers, la diversification des marchés particulièrement en Afrique et le soutien du développement régional. Il s'agit également de soutenir les secteurs sociaux, de renforcer la politique de solidarité social pour une meilleure répartition des fruits de la croissance aux niveaux social et territorial, de protéger les équilibres de base afin de garantir les conditions adéquates pour le financement de l'économie nationale, a-t-il ajouté. Le ministre a souligné que pour réaliser ses objectifs et fixer le déficit du budget au niveau de 3,5 pc, il faut adopter des mesures visant à réduire les dépenses de l'administration et des établissements publics, à maîtriser la masse salariale, à fixer les dépenses de la Caisse de compensation à 2 pc du PIB tout en élargissant le cercle des bénéficiaires, et à maintenir un haut niveau de l'investissement public. Les députés ont, de leur côté, mis l'accent sur la nécessité de maintenir les grandes équilibres macroéconomiques, de soutenir la classe moyenne, d'encourager l'épargne national, et de poursuivre le soutien de l'investissement public, insistant sur la nécessité d'ouvrir un dialogue national élargi sur la réforme de la Caisse de compensation pour définir les couches sociales ciblées.