‘Sortie nationale le 23 mars 2016.' Présenté en ouverture du premier Festival du Film Français à Casablanca, la dernière comédie de Mohamed Hamidi qui a été plébiscitée par le public français avec 3 prix lors du Festival du Film de comédie de l'Alpe d'Huez 2016 et qui a fait 1 million d'entrée depuis sa sortie, n'a pas manqué de charmer le public marocain lors de sa projection en avant-première le 18 mars au Mégarama de Casablanca. Ce conte burlesque à la fois humain, tendre et drôle dédramatise les divergences culturelles dans une campagne française idéalisée. « Avec l'humour, on peut dire des choses hyper sérieuses et profondes, sans être donneur de leçons », nous révèle Mohamed Hamidi qui affirme avoir voulu écrire un conte sous forme d'un road movie qui ne fasse pas peur aux enfants. « Vous savez, faire rire les Français avec un film sur un maghrébin qui traverse la France avec une vache, ce n'était pas gagné d'avance vu le contexte actuel en Europe », rappelle le réalisateur d'origine algérienne qui affirme avoir choisi la vache parce que « c'est un animal social qui incarne la gentillesse et qui est bien perçu partout ». Le film, une fable humaniste et touchante raconte le périple de Fatah, un paysan algérien qui n'a d'yeux que pour sa Jacqueline, une Tarentaise, qu'il rêve d'emmener au Salon de l'Agriculture de Paris. Arrivé en bateau à Marseille, il traverse toute la France à pied, direction Porte de Versailles. Ce personnage de plouc naïf et inculte incarné par le talentueux humoriste Fatsah Bouyahmed ; -jusque là inconnu au cinéma- et qui se lie d'amitié avec Lambert Wilson, un aristo fauché très « vieille France » ; est à la fois touchant, drôle et brave parce qu'en osant aller jusqu'au bout de ses rêves, acquiert malgré lui, l'étoffe d'un héros. « Ce personnage de blédard que je pratique depuis des années, c'est un peu l'histoire de mon père, dans le quartier où j'ai grandi, mon père faisait rire tout le monde, sauf nous ! » nous confie fièrement le comédien qui rappelle l'avoir joué pour la 1ère fois en 1997, dans une pièce de théâtre de rue, avant de l'exploiter plus tard dans l'émission satirique de Karl Zero. Avec ce personnage attendrissant, le cinéma français renoue avec le héro naïf comme Bourvil ou Fernandel, à qui le réalisateur fait un petit clin d'œil avec « Le prisonnier et la vache ». « Ce genre de film est rare dans le cinéma, nous explique Jamel Debbouze qui campe ici un second rôle plutôt antipathique car peu fier de ses origines « blédardes ». « Ce film, c'est la promotion de la gentillesse, de la naïveté, de la grandeur et la bienveillance qu'on galvaude dans nos sociétés modernes. A Paris, on prend les gens pour des cons dès lors qu'ils sont joyeux ou heureux », tient à nous rappeler l'humoriste qui rêve de rapprocher les deux rives française et marocaine.