Un commando armé composé de dix membres, dont un mineur et un Français a été démantelé jeudi 18 février par le BCIJ (Bureau Central d'Investigation judiciaire). Liés au groupe extrémiste Etat islamique (EI), les membres de la cellule terroriste qui s'apprêtaient à commettre ce vendredi 19 février, des attentats et des attaques-suicides dans le royaume, ont été arrêtés à El Jadida, Essaouira, Meknès et Sidi Kacem. Un véritable arsenal de guerre a été saisi au domicile du chef de la bande à El Jadida (M.L), originaire de Laâyoune, comprenant 4 pistolets mitrailleurs de marque Scorpion de calibre 7,65 mm, munis de chargeurs remplis de munitions, 4 revolvers dont 3 Smith & Wesson de fabrication américaine, calibre 38 spécial, et un pistolet semi-automatique de fabrication irakienne, de marque Tarik ainsi qu'une carabine à air comprimé. « Des produits chimiques dangereux utilisés dans la fabrication d'engins explosifs artisanaux et qui dégagent des gaz toxiques ont également été saisis, ainsi qu'une préparation biologique artisanale composée de cadavres de rats et de morceaux de citron, dégageant une toxine destinée à un usage criminel, et qui cible essentiellement le système nerveux central », nous a précisé Ahmed Rami, (Service incendie, explosifs, Division police scientifique et technique, Direction police judiciaire). Ainsi que des capsules à gaz avec des contenants différents, des clous, des bâtons métalliques, une matraque électrique, des armes blanches, des cellulaires, du matériel informatique (unités centrales, 2 disques durs, une tablette, 4 ordinateurs portables), des menottes en plastique, des combinaisons militaires, deux drapeaux de Daesh et un schéma d'un missile. Les membres du commando projetaient de commettre des attentats et de mener une « guérilla » dans plusieurs villes du Maroc « sous l'encadrement de dirigeants expérimentés de Daech dont l'un opère en Turquie, et ciblaient des établissements publics, des hôtels ainsi que des personnalités civiles et militaires », a déclaré ce même vendredi Abdelhak El Khayam, directeur du BCIJ lors d'un point de presse au siège du BCIJ. Précisant que « ces armes provenaient de Lybie, que les membres de la cellule terroriste opéraient selon le même schéma militaire de Daesh en Irak et en Syrie et comptaient installer leur activité dans un camp d'entrainement « Sahb El Harcha », situé à une vingtaine de kilomètres de Tan Tan, un camp similaire à ceux qui se trouvent en Irak, et qui abrite plusieurs grottes qui servent de refuges aux terroristes ». Si les personnes arrêtées sont toujours soumises à un interrogatoire poussé, l'homme ayant livré les armes au chef de la cellule terroriste est toujours recherché. La dangerosité et la spécificité de cette cellule, explique Al Khayam, réside d'abord dans « l'utilisation par ses membres d'armes chimiques et biologiques, et ensuite dans le fait de prévoir des attentats suicides à bord de voiture piégée, de faire appel à des candidats mineurs pour servir de kamikazes, en plus du fait qu'un Français de souche converti à l'islam fasse partie du commando ». Le Français en question résidait au Maroc depuis un an et se trouvait en situation régulière puisqu'il travaillait comme technicien, a déclaré le directeur de la BCIJ. Et de préciser que « les membres de la cellule, âgés entre 16 et 40 ans, se sont rencontrés pour la plupart d'entre eux sur les réseaux sociaux et notamment sur Facebook ». Daesh a donc bel et bien changé sa tactique, et ce, depuis que l'étau s'est resserré contre son organisation en Irak et en Syrie, sa base et son état major se sont installés désormais en Lybie, devenue le premier sanctuaire de l'Etat islamique (Daesh) en Afrique. L'organisation terroriste compte bien s'élargir en Afrique du nord, ce qui constitue un danger pour l'ensemble des pays nord africains et notamment le Maroc. Plus besoin d'envoyer les candidats en Syrie et en Irak pour s'entraîner, les membres de la cellule terroriste recrutent sur place des éléments extrémistes qui ont déjà une prédisposition au jihad et procèdent à leur endoctrinement, et notamment les mineurs. « Une situation à laquelle nous comptons nous adapter », a précisé le directeur du BCIJ, qui a rappelé par la même occasion que le Maroc qui a démantelé 152 cellules terroristes depuis 2002 (dont 31 depuis le début de 2013, ayant des liens étroits avec les groupes extrémistes opérant en Irak et en Syrie) est toujours en état d'alerte maximum.