« C'est un changement notable de mode opératoire de Da'ech au Maroc. Pour la première fois, il est question d'attentat-suicide à la voiture piégée et de recrutement de mineurs pour l'exécuter, comme Da'ech le fait déjà en Irak et en Syrie », souligne M. El Khayam. Plus encore, les membres de cette cellule terroriste, qui se sont connus sur Facebook et se font appeler « Achbal Al Jihad » (Les lionceaux du Jihad), devaient se replier, une fois leur opération exécutée, sur une base arrière située aux environs du barrage « Sahb El Harcha », à 20 kms de Tantan, où ils devaient prendre le maquis. Le jeudi 18 février, suite à des renseignements faisant état de la présence d'un suspect, « M. L », 35 ans, natif de Laâyoune, émir de la cellule terroriste, dans une maison à El Jadida, les éléments du BCIJ ont décidé de procéder à un vaste coup de filet à El Jadida, Essaouira, Meknès et Sidi Kacem, qui leur a permis de mettre la main sur 10 terroristes, dont un Français et un mineur âgé à peine de 16 ans. L'arsenal saisi chez l'émir de la cellule terroriste comprend 3 pistolets-mitrailleurs « Scorpio » de calibre 7,65 mm, de fabrication tchécoslovaque, 3 revolvers « 38 spécial » Smith & Wesson, de fabrication américaine, un pistolet semi-automatique de calibre 7,65 mm, de fabrication irakienne, un fusil à lunettes à air comprimé, de calibre 14,5 mm, de fabrication espagnole, 125 cartouches de 7,65 mm, 144 cartouches « 38 spécial », des bombes lacrymogènes, des portables, des disques durs, un taser capable de produire une décharge de 2000 volts, des armes blanches, sabres et couteaux, des treillis. Mais, il y avait également des produits chimiques pour la fabrication d'explosifs et d'armes biologiques, placés dans des bocaux servant de bains de culture et, bien entendu, la bannière noire de Da'ech, au pseudo-calife de laquelle ils ont présenté leur allégeance sur Facebook. Un fait tout aussi étrange, parmi les objets saisis chez l'émir de la cellule terroriste dans son domicile d'El Jadida, figurait aussi le schéma approximatif d'une fusée. Tout cet arsenal proviendrait de Libye, mais comme le terroriste qui a livré les armes n'a pas encore été arrêté et à ce niveau de l'enquête, il n'était pas encore possible de déterminer le chemin pris par ces armes. Selon le directeur du BCIJ, les membres de cette cellule terroriste projetaient de s'attaquer à des établissements publics et privés, ainsi qu'à de hautes personnalités. L'attentat-suicide déjoué de justesse, puisqu'il devait être exécuté hier, vendredi 19 février, devait être accompli par « S. A.», âgé à peine de 16 ans, à bord d'une fourgonnette blanche, mais l'on ne sait toujours pas qu'elle était sa cible. Les interrogatoires des suspects arrêtés se poursuivent toujours et l'enquête est encore en cours. L'approche préventive des services de sécurité marocains a, jusqu'à présent, porté ses fruits, mais avec la transformation de la Libye en base arrière de Da'ech en Afrique du Nord, la menace est réelle et la vigilance demeure de rigueur.