Rien ne dit que les Etats-Unis réussiront dans les prochaines semaines à faire adopter de nouvelles sanctions contre lIran. Ils tentent de le faire depuis de si longs mois. Car désormais, la Chine nest plus la seule à faire les yeux doux à lIran. Si Pékin menace toujours de mettre son veto au Conseil de sécurité au cas où la résolution durcissant les sanctions viendrait au vote, la Russie pourrait lui emboîter le pas. La semaine passée, Moscou a annoncé quelle allait enfin mettre en fonctionnement, lété prochain, la centrale nucléaire de Bouchehr sur le golfe arabique. Une vieille histoire que cette centrale nucléaire. La première dIran. Un projet commencé par lentreprise allemande Siemens en 1979, à la veille de la révolution islamique. Il avait rapidement été interrompu lors de léclatement de la guerre entre lIran et lIrak en 1980. En 1994, Moscou se propose de reprendre le projet de Bouchehr. Depuis lors, les Russes ont multiplié les explications techniques pour retarder son achèvement. La construction est terminée depuis février. Bouchehr va utiliser de luranium faiblement enrichi fourni par les Russes qui ont déjà livré les premières quantités nécessaires à sa mise en service. Ils doivent les récupérer ensuite pour les retraiter. LIran affirme que luranium sera utilisé pour des objectifs civils (médicaux et fabrication délectricité). Jusqualors, les Russes tout en étant fort réticents au durcissement des sanctions vis-à-vis de lIran, ne sy opposaient pas de front. Mais la semaine passée, le Premier ministre russe Vladimir Poutine a attendu quHillary Clinton, la secrétaire dEtat américaine, soit à Moscou, où elle a rencontré son homologue russe, Sergueï Lavrov, pour annoncer, du sud du pays, la mise en fonction prochaine de Bouchehr. Une provocation. On peut tirer deux enseignements de cette quasi volte-face. Le premier montre que les Américains nont jamais totalement réussi à convertir les Russes de se mettre à mal avec lIran. LUnion soviétique, hier, lempire russe avant lui, a toujours eu les yeux de Chimène pour Téhéran. La politique russe puis soviétique et de nouveau russe a toujours consisté à garder de bonnes relations au minimum, et si possible une forte influence sur lIran, vaste pays très peuplé sur sa frontière sud. LIran est la voie royale vers le monde arabe et le sous-continent indien et la Russie na jamais abandonné son tropisme vers «les mers chaudes» selon la formule employée autrefois par les diplomates. Et surtout, Moscou ne veut pas, en heurtant Téhéran, se fermer le vaste marché iranien qui tomberait dans lescarcelle des Chinois, toujours en embuscade. Second enseignement : la méfiance demeure entre Russes et Américains en dépit des bonnes paroles de façade. Hillary Clinton ne sy est pas trompée qui a dénoncé ce projet «prématuré». Elle craint que les Iraniens nutilisent la centrale à des fins militaires. Et accuse donc implicitement les Russes de jouer double jeu. Car Bouchehr, tel que le prévoyait le projet initial, ne peut fournir de luranium enrichi à 90% comme lexigerait des objectifs militaires. Il est vrai aussi que Russes et Américains sont en tain délaborer un nouveau traité de désarmement nucléaire. Et que lIran peut être un moyen de pression dans ce dossier.