LObservateur du Maroc. La grève du 18 février se fera en labsence des syndicats de lUGTM, de la FDT et de lUNTM qui font partie des sept composantes de la Commission de coordination syndicale. Est-ce la fin du front commun des médecins ? Dr. Mohamed NACIRI BENNANI. Pas du tout. LUGTM et la FDT ont décidé de ne pas prendre part à cette action du fait de la participation au gouvernement des partis politiques dont ils sont proches. On respecte leur choix. Ceci dit, ils doivent rendre compte à leur base. Pour la Commission de coordination, elle continuera son travail avec toutes ses composantes, en plus de lODT qui demande à nous rejoindre. Avec cette annonce de grève générale, espérez-vous voir se répéter le scénario de 2006 avec une nouvelle intervention royale ? En prenant la décision de faire grève, on ne rigole pas. Cest une responsabilité. Ceci dit, si les autorités proposent du concret, dans ce cas on peut revoir notre position. On ne fait pas la grève pour la grève, on fait la grève car toutes les portes ont été fermées. Lobjectif est de faire entendre notre voix car la dignité du médecin et la santé du citoyen vont de pair. Quels sont les reproches que vous faites au projet de reforme de la loi 11-94, organisant le Conseil national de l'Ordre des médecins, proposé par le président intérimaire, le Pr. Tahar Alaoui ? Notre différend est loin dêtre personnel ou superficiel. Cest un différend de fond et dans les approches. Le projet quil présente est archaïque et institutionnalise la division entre les secteurs de la médecine (public, privé, universitaire et militaire) et, en plus, le texte manque doutils de contrôle sur le travail de lordre. Quelle est donc votre approche de la loi 11-94 ? Dabord il faut signaler que le communiqué du cabinet royal parle dune révision globale du texte, alors que le Pr. Alaoui nous propose une réformette de lancien texte. Donc le président intérimaire ne respecte même pas la volonté du roi. Pour nous, un projet doit placer la santé du citoyen et la défense de la déontologie de la profession comme deux priorités principales. Cest ce quon a tenté de faire dans notre proposition disponible sur le site du syndicat (www.snmsl.com). Dans votre proposition, le vote des médecins ne se fera plus par secteur. Ceci ne risque-t-il pas de marginaliser une partie des médecins ? Si on érige des barrières entre secteurs, on divise les médecins, tandis que léthique et la déontologie sont uniques pour le public comme le privé. Ce quon propose est dailleurs la règle dans tous les Ordres du monde. Pour le cas des médecins militaires, quelles sont vos propositions ? Il ne faut pas quun militaire soit membre de lOrdre et échappe à son contrôle. Si lEtat veut quil reste membre de lOrdre, lautorité de linstitution doit sappliquer à tous les médecins sans discriminations. Certains pays ont opté pour un Ordre sans militaires comme le cas de la France, la Tunisie ou lAlgérie, où les miliaires ont un régime spécial. Lessentiel pour nous cest que la loi sapplique à tout le monde de la même façon. Le blocage autour de lOrdre et la loi 11-94 dure depuis trois ans. Demanderiez-vous un arbitrage royal ? Nous ne demanderons pas darbitrage royal, mais si le président de lOrdre veut présenter les deux projets en même temps, quil nous donne la possibilité dargumenter notre projet. Car si le président le fait lui-même, il est normal quil favorise son projet. Je lance un défi au président dorganiser un débat public sur la question de la loi 11-95 et que lopinion publique tranche sur la question LOrdre des médecins est le seul Ordre professionnel au Maroc qui connaît tant de problèmes. Pourquoi? Je rappelle que la médecine est la seule profession au Maroc dont lordre nest pas élu, mais désigné. Normalement, un Ordre est le garant du respect de léthique et de la déontologie. Alors quon espérait que la situation allait être débloquée en 2006, on constate que le provisoire dure depuis trois ans. On ne demande pas le ciel, on demande juste des élections démocratiques.