Qui va payer la reconstruction de Gaza ? Sans surprise, ce sont les pays arabes et occidentaux, qui se sont entendus, le 12 octobre, au Caire, sur le montant de l'aide financière qu'ils vont apporter aux Palestiniens : 5,4 milliards de dollars. Le Qatar s'est montré le plus généreux. Le petit et richissime émirat a promis de débourser 1 milliard de dollars, alors que son très riche voisin saoudien s'est contenté d'annoncer un don de 500 millions de dollar comme l'ensemble des autres pays du Golfe. Pour le cheikh Tamim Ben Hamad, émir du Qatar, il s'agit de faire d'une pierre deux coups. D'une part, affirmer qu'il reste le protecteur et le financier des Palestiniens, en particulier à Gaza, où s'entassent 1,8 million de personnes dont 50% d'entre eux vivent dans un total dénuement. Une politique constante depuis les Printemps arabes, lorsque le Qatar avait choisi de soutenir les partis liés aux Frères musulmans, dont le Hamas. C'était la carte de visite de l'émirat sur la scène arabe. Cette carte s'est ternie, d'abord avec l'éviction de Mohamed Morsi, le président islamiste égyptien ; ensuite avec l'affaiblissement, en Syrie, de l'opposition laïque et des groupes proches des Frères musulmans financés par Doha, au détriment des groupes radicaux salafistes soutenus par l'Arabie Saoudite et la Turquie. Le Qatar s'est retrouvé dans le camp des perdants. Il ne lui restait plus que les Palestiniens. Il a joué en 2013 et au début de 2014, la réconciliation entre le Hamas et le Fatah, accordant l'asile politique à Khaled Mechaal, le chef politique du Hamas chassé de Damas, et organisant des rencontres avec l'Autorité palestinienne. Mahmoud Abbas est fréquemment à Doha. L'émirat a aussi payé les salaires des 70.000 fonctionnaires pendant les 50 jours de guerre israélienne, l'été passé. Pourtant si le Qatar et l'ensemble des donateurs ont accepté de financer la troisième reconstruction de Gaza en six ans, ils ont posé leurs conditions. « Nous sommes lassés de reconstruire Gaza pour que le territoire soit immédiatement détruit », ont-ils déclaré. Ils demandent donc, d'une part que la réconciliation entre le Hamas et le Fatah soit durable. Plus de lutte fratricide. L'Autorité palestinienne doit reprendre le contrôle de l'administration du territoire que dirige le Hamas depuis juin 2007. Les fonds de la reconstruction seront versés à Ramallah et pas au Hamas à Gaza. Des fonctionnaires venus de Cisjordanie vont surveiller le point de passage avec l'Egypte et la sécurité le long de la frontière avec Israël. La semaine dernière, un accord a été négocié entre l'Autorité palestinienne, les Israéliens et l'ONU pour que les matériaux de construction qui entrent à Gaza ne servent pas à des fins militaires. L'Etat hébreu y trouve son intérêt. La deuxième condition des donateurs est loin d'être remplie. Il s'agit d'ouvrir de véritables négociations entre Palestiniens et Israéliens. L'Etat hébreu ne veut ni négocier avec une Autorité palestinienne réunifiée (Cisjordanie et Gaza), ni une solution à deux Etats dans les frontières de 67. Gaza sera-t-elle reconstruite pour une quatrième guerre ? ❚