Au lendemain d'un accueil triomphal après 45 ans d'exil, Khaled Méchâal a pris la parole lors d'un grand «rassemblement de la victoire» dans la bande de Gaza, deux semaines après la fin des bombardements israéliens dans l'enclave palestinienne. «La Palestine est à nous, de la rivière (Jourdain) à la mer (Méditerranée) et du sud au nord. Nous ne ferons aucune concession, nous n'abandonnerons pas un seul pouce de notre terre», a-t-il dit lors des cérémonies marquant le 25e anniversaire de la fondation du Hamas et le début de la première intifada. «Nous ne reconnaîtrons jamais la légitimité de l'occupation israélienne (...) Israël n'a aucune légitimité et n'en aura jamais», a-t-il ajouté au cours de cette réunion publique qui a duré quatre heures. Devant une mer de drapeaux et une foule enthousiaste estimée à un demi-million de personnes par le Hamas, Khaled Méchâal s'est engagé à faire libérer les prisonniers palestiniens détenus en Israël, laissant présager de nouvelles tentatives d'enlèvement de soldats de l'armée israélienne utilisés ensuite comme monnaie d'échange. «Nous n'aurons pas un instant de repos tant que nous n'aurons pas libéré tous les détenus palestiniens. Et nous utiliserons les mêmes moyens que par le passé», a lancé Khaled Méchâal. Le chef du Hamas, né en 1956 près de Ramallah, en Cisjordanie, n'était plus retourné en territoire palestinien depuis la guerre des Six-Jours en 1967 et ne s'était jamais rendu jusqu'ici dans la bande de Gaza. Des milliers de personnes, beaucoup brandissant le drapeau vert du Hamas, avaient commencé à se rassembler dès le matin sur un terrain vague au sol détrempé par la pluie, au son de chants patriotiques diffusés par des haut-parleurs. La vaste scène dressée pour ce «rassemblement de la victoire» était surmontée d'une reproduction gigantesque d'un missile M75, dont plusieurs exemplaires ont été tirés en direction de Tel-Aviv au plus fort des combats de novembre. «C'est un jour de victoire», s'est exclamé Ahmed Chahine, un Palestinien de 60 ans assis avec ses jeunes enfants devant l'imposante estrade. «La présence de Khaled Méchâal est un signe de cette victoire.» Khaled Méchâal est sorti largement renforcé des combats qui ont fait rage pendant huit jours le mois dernier dans ce territoire palestinien, dont le mouvement islamiste a pris le contrôle en juin 2007. Les affrontements ont fait 170 morts dans les rangs palestiniens et six côté israélien. L'Etat hébreu assure avoir considérablement entamé les capacités militaires du Hamas, mais le mouvement islamiste a néanmoins tiré parti du conflit, qui lui a valu des témoignages de solidarité de la plupart des pays arabes et de l'Autorité palestinienne. En finir avec la division Des représentants du Qatar, de la Malaisie, de la Turquie, de l'Egypte et du Bahreïn ont ainsi assisté à la cérémonie de samedi. Depuis le cessez-le-feu, conclu sous l'égide d'une Egypte désormais dirigée par des Frères musulmans proches du Hamas, Khaled Méchâal parle plus que jamais de réconciliation avec le Fatah de Mahmoud Abbas, président de l'Autorité palestinienne. Dans son discours, il a rendu un hommage appuyé à l'Egypte, «notre soutien». Il a en revanche pris ses distances avec le président syrien Bachar al Assad, confronté depuis plus de vingt mois à une révolte populaire. «Le Hamas ne peut soutenir les régimes ou les Etats qui mènent une guerre sanglante contre leur propre peuple», a-t-il dit. Fait sans précédent depuis 2007, des représentants locaux du Fatah, que le Hamas a évincé de la bande de Gaza, devaient assister au rassemblement de samedi. «Si Dieu le veut (...), la réconciliation aura lieu. L'unité nationale est à portée de main», a déclaré Khaled Méchâal, vendredi, sur les ruines d'une maison détruite par un raid israélien qui a coûté la vie à 12 civils. «Après la victoire de Gaza, il est temps maintenant de refermer le chapitre de la division et de construire l'unité palestinienne», a-t-il lancé samedi.