L'émissaire américain George Mitchell a assuré mercredi qu'il aurait des discussions "substantielles" au cours des prochains jours avec les Israéliens et les Palestiniens dans l'espoir de faire "de réels progrès dans les tout prochains mois". "Les parties ont indiqué qu'elles voulaient que les Etats-Unis continuent leurs efforts et dans les jours à venir nos discussions avec elles seront substantielles", a-t-il déclaré à la presse à l'issue d'une rencontre avec le président égyptien Hosni Moubarak au Caire. M. Mitchell a indiqué qu'il s'agirait de discussions séparées "en vue de faire des réels progrès dans les tout prochains mois sur les questions-clé d'un accord-cadre". Peu avant M. Mitchell, le président palestinien Mahmoud Abbas a lui aussi rencontré M. Moubarak, mais n'a fait aucun commentaire à sa sortie. M. Abbas doit participer à une réunion du comité de suivi de la Ligue arabe sur le processus de paix prévue en fin d'après-midi au Caire, destinée à faire le point sur les efforts en cours pour sortir de l'impasse. "Idées" de l'administration Obama L'envoyé spécial américain pour le Proche-Orient George Mitchell a présenté mardi aux dirigeants palestiniens des "idées" de l'administration Obama pour relancer le processus de paix, complètement bloqué, avec Israël. "Comme nous nous y attendions, il y a eu de très nombreuses difficultés, des obstacles et des revers", a admis M. Mitchell lors d'un entretien avec le président palestinien Mahmoud Abbas à Ramallah (Cisjordanie), alors que les Etats-Unis n'ont pas réussi à obtenir d'Israël un nouveau gel de la colonisation, réclamé par les Palestiniens. "Mais nous sommes déterminés à persévérer jusqu'à ce que nous parvenions à la conclusion que nous voulons tous: un Etat indépendant et viable de Palestine vivant côte à côte en paix avec Israël", a affirmé M. Mitchell, qui a qualifié la rencontre de "longue et fructueuse". Côté palestinien, le porte-parole de M. Abbas, Nabil Abou Roudeina, a indiqué que "M. Mitchell nous a apporté certaines idées américaines", sans autre précision. "Nous attendrons que le comité de suivi de la Ligue arabe en discute (mercredi) et décide, d'autant plus que la partie israélienne n'a pas encore fait connaître sa positions sur les idées américaines", a-t-il souligné. De son côté, le principal négociateur palestinien, Saëb Erakat, a estimé que les "idées" de M. Mitchell étaient les mêmes que celles avancées par Mme Clinton le week-end dernier. Les dirigeants palestiniens avaient accueilli très fraîchement, sans cacher leur scepticisme, les propositions de la secrétaire d'Etat américaine. Le président Abbas a réclamé des garanties américaines avant de se prononcer sur l'éventuelle reprise de négociations indirectes avec Israël. Parmi ces garanties, figure "un arrêt total de la colonisation en Cisjordanie et à Jérusalem-Est", dont les Palestiniens veulent faire la capitale de leur futur Etat. M. Abbas a également demandé à Washington la reconnaissance de l'Etat palestinien sur les frontières du 5 juin 1967, avant la guerre israélo-arabe des Six-Jours, moyennant des échanges mineurs de territoire. Haniyeh: « Nous ne reconnaîtrons pas Israël » Le chef du gouvernement du Hamas à Gaza, Ismaïl Haniyeh, a réaffirmé mardi que le mouvement islamiste palestinien pouvait envisager une "trêve" avec Israël, mais en aucun cas le reconnaître. "Que cela soit entendu au plus loin et au plus près, nous le répétons (...) après la guerre, le siège et les complots internes et externes: nous ne reconnaîtrons pas Israël", a déclaré M. Haniyeh lors d'un rassemblement à Gaza à l'occasion du 23e anniversaire du mouvement. Rappelant que le fondateur du Hamas, cheikh Ahmad Yassine, assassiné en 2004 par l'armée israélienne, avait évoqué une "trêve" avec Israël sur des territoires palestiniens "libérés", il a précisé qu'une telle option était "soumise à deux conditions: pas de reconnaissance d'Israël et pas de cession d'un pouce de la terre de Palestine". "Il n'y pas d'avenir pour l'occupation de la terre de Palestine et je ne veux pas dire la Cisjordanie ou Gaza ou Al Qods, mais la Palestine, de la mer au fleuve et de Ras Naqoura (nord d'Israël) à Rafah (sud de la bande de Gaza)", a-t-il déclaré de la tribune, où avaient été installés des portraits des dirigeants du Hamas, dont cheikh Yassine. La foule, brandissant des drapeaux verts du Hamas sur une place de Gaza où avait été érigée une réplique du dôme du Rocher à Al Qods, a scandé des slogans, dont "Mort à Israël". Le Hamas avait réitéré lundi dans un communiqué son ambition de recouvrer toute la Palestine, de la Méditerranée au Jourdain. M. Haniyeh a assuré mardi que le "dialogue national" avec le Fatah du président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas était une "priorité" du Hamas. Il a réaffirmé l'engagement du mouvement au "principe de la réconciliation comme choix stratégique pour renforcer l'unité face à l'occupant" mais prévenu: "Nous irons aussi loin vers la réconciliation que le fera le Fatah".