Le personnage est complexe, genre beau ténébreux. Disons que cela lui confère un style. De vie. Une vie qui ne regarde que lui, quoique le public soit dans le sillage. Fouad Bellamine est un trompe-l'oeil. Derrière cette carcasse d'homme impénétrable, se profile un créatif à fleur de peau. Cela fait plus de trente-cinq ans qu'il court les cimaises, au Maroc comme à l'étranger. Ses uvres ont eu le temps de mûrir, de muter, de ravir ou de laisser perplexe. N'attendez pas qu'il vous guide dans ce qu'il vous livre, il se contentera de vous regarder d'un il zoologique. Son rôle ne va jamais au-delà de l'enfantement. Il peut, en revanche, se pencher sur l'uvre d'autrui, en parler, la décortiquer et la rapprocher au public en couchant ses impressions noir sur blanc. Ce qui doit assurément l'amuser, en pensant à des critiques dont il a déjà fait les frais et qui tombaient loin de ses créations. Bellamine est de retour avec une nouvelle façon de traduire son art, techniquement cela s'entend. Il est, à son tour, happé par le numérique. Des photographies retravaillées, des peintures qui font corps avec l'instant saisi. Tout est dans la nuance, dans l'abolition des règles qu'il a pourtant longtemps enseignées. Ne parle-t-on pas toujours des bases académiques pour laisser libre court à son talent, à sa sensibilité ? Après avoir peint, Bellamine teint. En attendant la suite.