Entretien avec Kamal Belghmi, directeur du Cours Florent au Maroc Réalisé par Mouna Izddine L'Observateur du Maroc. Le théâtre au Maroc traverse une crise chronique et structurelle. Quelle place pensez-vous trouver avec votre école dans un contexte culturel aussi morose ? Kamal Belghmi. Le Cours Florent est tout d'abord une école de formation de l'acteur en général. Son cursus sur trois années offre une formation de qualité, tant pour les acteurs de cinéma, de télévision que de théâtre. L'implantation du Cours Florent est en quelque sorte une délocalisation qui, de par sa proximité, permettra aux jeunes Marocains, Maghrébins et Africains des pays francophones d'accéder à cette formation plus facilement. Les stages que nous avons organisés en été ont révélé à ce propos une forte demande en matière de formation aux métiers de l'acteur, non satisfaite par les offres du marché actuel. En outre, même si le théâtre tient peu de place au Maroc, aujourd'hui tout le monde s'accorde à penser qu'il y a un public et une volonté politique pour que le théâtre existe davantage. En ce qui me concerne, j'ai trouvé au Maroc, une envie, une énergie, une écoute et un engagement semblables et, pour être tout à fait juste, peut-être supérieurs à la France. Enfin, le Cours Florent, de par son enseignement et sa pédagogie, entend justement contribuer au nouveau rayonnement culturel de la Ville de Casablanca. Quel est l'effectif et le profil des inscrits à ce jour ? Qu'est ce qui les a motivés à rejoindre votre école ? La majorité des stagiaires, en l'occurrence 85%, est formée de Casablancais, tandis que les autres grandes villes, notamment Rabat (13%), Marrakech, Fès et Tanger (12%), se partagent le reste des effectifs. Pour ce qui est des catégories d'âges, nous comptons des lycéens et lycéennes entre 14 et 18 ans, ainsi que des cadres supérieurs et des professions libérales. Les adolescents connaissent pour beaucoup le Cours Florent par le comédien et humoriste Gad El Maleh et sont très motivés par ces cours. Certains rêvent de devenir acteurs ou actrices et montrent par conséquent un grand intérêt pour le «jeu face caméra». Les adultes, eux, tentent davantage vers l'Improvisation et la Scène, car ces exercices font travailler la prise de parole en public, l'imaginaire, le plaisir du texte, la diction, l'élocution et la mise en confiance. Ainsi, 30% parmi les moins de 20 ans inscrits dans notre école sont des chefs d'entreprise, 22% des acteurs, 16% des managers, 14% des professions libérales et 6% des commerciaux. Quelques mois seulement après l'arrivée du Cours Florent, quel bilan pouvez-vous dresser ? Les stages d'été ont été un formidable "ballon d'essai" afin d'évaluer les attentes du marché et d'asseoir la notoriété du Cours Florent à Casablanca. Vingt comédiens et comédiennes marocains ont ainsi obtenu des bourses de la Fondation du Festival international du film de Marrakech (FIFM) et du Centre cinématographique marocain (CCM). En outre, huit participants ont été admis au Cours Florent Paris dès septembre 2009 pour leur talent singulier. Ceci étant dit, actuellement, nous sommes dans une phase de prospection pour le local de l'école à Casablanca, dont l'ouverture est prévue pour septembre 2010. Pour l'instant, et en ce qui concerne les stages d'hiver, nous bénéficions du soutien de la F.O.L (Fédération des uvres laïques) de Casablanca, qui est un centre culturel important. A ce jour, nous avons 8 inscrits pour un groupe de 15 élèves pour la première session. La particularité du stage de décembre est que c'est un combiné d'Improvisation/Scène. De plus, il sera dispensé par Frédéric Haddou, qui a animé les stages scène cet été.