« Cette édition s'annonce particulièrement dynamique et fructueuse », a affirmé à l'Observateur du Maroc et d'Afrique, Amal El Fallah Seghrouchni, ministre déléguée chargée de la transition numérique et de la réforme de l'administration. Plus qu'un simple salon, GITEX Africa 2025 veut incarner un espace de convergence stratégique, axé sur les contenus à forte valeur ajoutée, les partenariats structurants, et les priorités du moment : cybersécurité, e-gouvernement, santé numérique, IA appliquée à l'éducation et à l'industrie. La ministre a salué « une forte présence africaine et arabe, avec une mobilisation inédite de startups, notamment au sein du village APEBI », illustrant ainsi le foisonnement de l'innovation sur le continent. L'IA y occupe une place centrale, et ce n'est pas un hasard. L'Afrique face à un changement d'époque « C'est aujourd'hui. Notre mission ne peut s'arrêter là. Elle doit aller plus loin », a lancé Seghrouchni. Selon elle, le monde a déjà basculé dans une nouvelle ère : celle de l'intelligence artificielle. Une révolution qui reconfigure les modèles économiques, transforme les institutions et bouleverse les sociétés. Près de 40 % des startups africaines intègrent déjà l'IA dans le cœur de leurs activités. « Ce n'est pas une tendance, mais un basculement profond de l'architecture de l'innovation », a-t-elle insisté. Après l'IA fondée sur les règles, puis celle des données et de la génération de contenu, l'humanité entre désormais dans l'ère de l'IA « agentique » : des systèmes capables d'agir de manière autonome, d'apprendre en continu, de planifier et de raisonner. Le Maroc, architecte de la transformation Dans cette course technologique mondiale, le Maroc ne compte pas rester spectateur. Sous les Hautes Instructions de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, le pays a lancé une stratégie ambitieuse : Digital Morocco 2030. Elle repose sur trois piliers majeurs : la digitalisation des services publics, le soutien à l'économie numérique, et la structuration d'un écosystème d'intelligence artificielle compétitif. Deux initiatives structurantes incarnent cette vision : le Jerry Institute, un réseau d'instituts régionaux qui allient recherche, entrepreneuriat et priorités territoriales, et le Centre régional pour le numérique et le développement durable, soutenu par l'UNDP, qui vise à faire du Maroc un fournisseur digital régional d'envergure. Combler les fractures, ensemble Mais pour la ministre, cette ambition ne peut se réaliser sans combler les fractures numériques profondes qui freinent encore le continent. Moins de 1 % des capacités mondiales de data centers sont localisées en Afrique, et le continent ne produit que 0,5 % des publications en IA. « Ces écarts sont autant techniques que géopolitiques. Ils appellent une réponse collective et urgente », alerte-t-elle. Elle appelle à « investir dans des infrastructures numériques souveraines et vertes, former les 10 millions de professionnels dont l'Afrique a besoin, et construire des datasets inclusifs, multilingues et représentatifs de nos réalités ». Car au-delà de la technologie, c'est bien une intelligence éthique et tournée vers le bien commun qui est en jeu. L'IA pour lutter contre les cyberattaques Pour la ministre, l'intelligence artificielle joue un rôle essentiel dans la gestion des cyberattaques, en permettant d'anticiper, détecter et répondre de manière proactive aux menaces. Grâce à l'IA, les solutions de cybersécurité bénéficient d'une capacité d'analyse en temps réel, capable de traiter des volumes massifs de données pour identifier des comportements suspects et des vulnérabilités. Ces technologies permettent une protection plus intelligente et plus rapide, en évoluant continuellement face aux nouvelles formes de cybercriminalité, tout en réduisant le risque d'erreurs humaines. L'Afrique à l'heure du choix Le message de la ministre est sans ambiguïté : l'Afrique ne doit pas subir la révolution de l'intelligence artificielle. Elle doit la co-construire. « L'ère de l'intelligence n'est pas un privilège pour quelques-uns. C'est une mission pour tous. » Une phrase conclue par un proverbe africain, devenu le fil conducteur de cette édition 2025 : « Seul, on va plus vite. Ensemble, on va plus loin. »