Tout commence par une vidéo qui a été partagée des milliers de fois sur les réseaux sociaux. Un jeune homme dont les lunettes et l'accent typiquement marrakechi rendaient aussitôt sympathique. Mais il conquiert complètement les cœurs lorsqu'il annonce tout sourire le prix de ses sardines : 5 dhs seulement. Une onde de choc qui s'est vite propagée sur les réseaux sociaux. Le secret de Abdelilah Installé au Souk de Douar Lahrach, dans le quartier Al Massira 1 à Marrakech, Abdelilah a rapidement attiré l'attention grâce à ses prix cassés. Sur les réseaux sociaux, son initiative a fait le tour du pays, attirant des foules devant son échoppe et déclenchant un débat national sur les circuits de distribution du poisson. Son secret ? Un approvisionnement direct auprès des ports du Royaume lors des criées officielles. En contournant les intermédiaires, il achetait ses sardines à 3 dirhams le kilo pour les revendre à 5 dirhams, tout en assurant que ses transactions étaient parfaitement légales et documentées. Levée de boucliers Son succès fulgurant a cependant suscité la colère de certains poissonniers et commerçants, l'accusant de concurrence déloyale. Face aux tensions, une commission mixte a inspecté son commerce le 25 février 2025, pointant des irrégularités administratives et des conditions de conservation inadaptées pour du poisson congelé. L'échoppe a été fermée suite à cette inspection. Une décision qui a provoqué un tollé. Sur les réseaux sociaux, nombreux sont ceux qui ont dénoncé une manœuvre pour l'empêcher de vendre à bas prix et protéger les circuits traditionnels de distribution. Ceci alors que des proches de Abdelilah affirmaient que c'est le propriétaire de l'échoppe qui a décidé de fermer boutique provisoirement. Le buzz provoqué par Abdelilah a en effet jeté un pavé dans la marre en mettant en lumière les dysfonctionnements du marché du poisson au Maroc, notamment l'écart entre les prix de gros pratiqués dans les ports et ceux affichés sur les étals des poissonneries, ainsi que le rôle des intermédiaires dans la chaîne de distribution. L'affaire a également suscité un débat sur les spéculations et la manipulation des prix des produits de première nécessité, en particulier à l'approche du Ramadan. Mais malgré le soutien massif des consommateurs, Abdelilah a annoncé en larmes, dans une vidéo postée sur son compte TikTok, qu'il arrêtait son activité. La cause ? Il n'en pouvait plus des attaques dont il aurait été victime à cause de son initiative. Retour en force Face à l'ampleur de la polémique, Abdelilah a été reçu dès le lendemain par le Wali de Marrakech-Safi, Farid Chourak. Lors de cette rencontre, le responsable régional a réaffirmé son droit à exercer son activité sans entraves, à condition de respecter la réglementation en vigueur. Il a également assuré qu'il pouvait s'approvisionner librement dans les marchés et ports du pays. Le soir même, Abdelilah a rouvert son commerce sous les applaudissements de ses clients, venus en masse pour le soutenir. Sa boutique, désormais surnommée le "Port de Marrakech", continue d'attirer une foule à l'affût de poissons à prix abordable. Provoquant le débat sur la nécessité de réformer les circuits de distribution pour offrir des produits de qualité à des prix abordables aux Marocains, Abdelilah n'est plus un simple poissonnier. Il est devenu le symbole d'un combat pour des prix justes et une distribution plus équitable. Au-delà du prix des sardines et du buzz de « Moul l'hout », son initiative a révélé un problème plus vaste et plus profond : la spéculation et la flambée des prix des produits de première nécessité, et les failles d'un marché où les intermédiaires dictent les prix.