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Eli Bar-On co-fondateur de MENA2050 : «On ne peut pas avoir de stabilité et de prospérité si tout le monde n'en bénéficie pas»
Publié dans L'observateur du Maroc le 16 - 12 - 2024


MENA2050, c'est quoi ?
MENA2050 est une organisation à but non lucratif britannique qui réunit des centaines de personnes de chaque pays de la région Moyen-Orient et Afrique du Nord. Ces personnes, issues de divers horizons, œuvrent à la préparation de notre région pour la prochaine génération, à travers des groupes de travail sur de nombreuses thématiques comme l'action climatique, la gestion de l'eau, la sécurité alimentaire, la transition énergétique, etc., etc.
En quoi votre ONG par rapport aux autres ?
Je pense que MENA2050 est une organisation unique en son genre. Elle est la seule à rassembler des personnes de tous les pays de la région Moyen-Orient et Afrique du Nord, depuis le Maroc jusqu'à l'Iran. L'idée est de garder nos distances par rapport à la politique. Nous ne nous concentrons pas sur la résolution des conflits, mais sur 20 domaines différents qui sont cruciaux pour notre avenir.
Cette période de conflits ne démobilise-t-elle pas vos membres ?
Chaque membre de MENA2050 participe en tant qu'individu préoccupé par son avenir et celui de ses enfants. L'idée est de mobiliser les capacités, la sagesse, les connaissances et l'expérience de toutes les personnes au sein de cette organisation pour travailler ensemble, indépendamment des considérations politiques, en faveur de l'avenir de cette région. Par exemple, en ce qui concerne le Maroc, nous avons parmi les membres du conseil consultatif et responsable du Comité pour l'action climatique, le Docteur Hakima El Haite qui est une personnalité très respectée à l'échelle mondiale dans tous les domaines liés au climat, et c'est un honneur de travailler avec elle. Nous avons également des dizaines de membres marocains dans cette organisation, issus de nombreux horizons différents. Chacun d'entre eux contribue dans un domaine spécifique. Je pense qu'il est très important de disposer de ce cadre qui nous permet de collaborer, même en période de tension ou de conflit, pour surmonter ces tensions et conflits. Cela nous permet de réaliser qu'il n'y a pas d'autre alternative que de travailler ensemble, en se reconnaissant mutuellement comme des individus capables de contribuer à un effort commun et de nous préparer pour un avenir partagé.
Quelles sont vos principaux sujets actuels de préoccupations ?
Ils sont divers et variés. Comment lutter contre la radicalisation ? Comment utilisons-nous de nouvelles techniques pour l'éducation ? Comment identifions-nous les nouveaux outils de l'IA ? L'intelligence artificielle peut être une grande bénédiction, mais aussi une immense menace. De nombreuses personnes perdront leur emploi en raison de l'automatisation et de l'IA. Comment les préparons-nous à cette transition ? Comment leur donnons-nous les compétences du 21e siècle nécessaires pour s'adapter ? Comment leur apportons-nous plus de prospérité ? En leur permettant d'exercer des métiers qui sollicitent davantage leur intellect que leurs capacités physiques ? Toutes ces questions sont d'ordre régional. Nous pouvons capitaliser sur les capacités régionales. Avec mon parcours personnel venant d'Israël, nous disposons de nombreuses compétences dans divers domaines technologiques, comme l'eau potable, la préservation des aliments, etc. Cependant, nous sommes également confrontés à des enjeux de sécurité.
En discutant avec vous, on sent que vous manifestez un intérêt particulier au Maroc. Pourquoi ?
Israël et le Maroc font désormais partie des Accords d'Abraham depuis ces dernières années. Mais les relations entre Israéliens et Marocains ne datent pas des Accords d'Abraham. Je dis toujours que le Maroc compte un million d'ambassadeurs en Israël. Chaque Israélien est un peu Marocain, grâce à tous ces ambassadeurs, toutes ces personnes venues du Maroc en Israël. Parfois, cela remonte à quatre générations après avoir quitté le Maroc. Pourtant, ils gardent tous un immense amour pour le Maroc, une grande admiration pour le Roi, pour le peuple marocain, et pour les merveilles de ce pays. La seule chose sur laquelle ils se disputent, c'est de savoir quelle ville est la meilleure au Maroc !
Mais en dehors de cela, ils s'accordent tous sur l'amour du Maroc. Alors pourquoi ne pas utiliser cet héritage, cette histoire que nous partageons ? Le Maroc a toujours été un exemple de coexistence et de tolérance religieuse. Nous pouvons nous appuyer sur cet héritage pour construire des ponts : des ponts entre Israël et le monde arabe, entre le Maroc et l'autre rive de l'Atlantique, entre le Maroc et l'Europe, et bien d'autres encore.
Je pense donc que la capacité de mobiliser les compétences de chaque individu au sein de cette organisation, tout en tenant compte de l'histoire commune de nos pays et de nos cultures, constitue une grande valeur que nous pouvons apporter au discours dans cette région. La vision de notre organisation repose sur trois piliers : la stabilité, la prospérité et l'espoir pour la grande région du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord.
On ne peut pas avoir de stabilité, de prospérité ou d'espoir si tout le monde n'en bénéficie pas. Les Palestiniens doivent en bénéficier. Les Israéliens doivent en bénéficier. Les Iraniens doivent en bénéficier. Les Turcs doivent en bénéficier. Les Kurdes aussi. Chaque enfant de cette région mérite de profiter de la stabilité, de la prospérité et de l'espoir. C'est pour cela que nous nous engageons, et c'est ce que nous espérons apporter à la région : renouveler le discours avec de nouvelles idées et mobiliser les capacités en vue de l'avenir de cette région.
C'est ce que nous essayons de faire : apporter une valeur ajoutée spécifique au débat dans la région.


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