Salon International de l'Agriculture de Paris : Akhannouch aux côtés de Macron à l'inauguration officielle    Hommage au cinéma marocain au Festival International du Film de Dublin    Tanger Med : Avortement d'une tentative de trafic de 1.852 unités de pétards et de feux d'artifice    4è Conférence ministérielle mondiale sur la sécurité routière : l'édition la plus productive selon Jean Todt    Salma Benaziz à la tête du Forum des présidents des Commissions des AE des parlements africains    Diplomatie parlementaire: Ould Errachid coprésident du Forum Maroc-FOPREL    Honduras : Ould Errachid se voit confier la coprésidence du Forum économique parlementaire Maroc-Foprel    Système de santé, AMO... Encore du chemin à parcourir ! [INTEGRAL]    Change : le dirham s'apprécie de 0,3% face au dollar    ESSEC Rabat. Hicham Sebti : ''Un campus pour former l'élite africaine et impulser le développement du continent''    Royal Air Maroc. Premier vol écoresponsable entre le Maroc et l'Europe    Alain Juillet : "Le Maroc a toujours été en pointe dans la lutte contre le terrorisme islamiste"    Qualifs. Afrobasket 25: Mission trop difficile pour les Lions face aux Panthères, ce soir, à la salle Ibn Yassine !    Ligue des champions UEFA : pour le prestige… et le chèque    4L Trophy : top départ de la 28e édition !    Evaluation du programme de développement régional : l'intriguant contrat de 3,76 millions de dirhams d'Abdellatif Maâzouz    Casablanca : ouverture du 13e congrès national de l'UMT avec une présence internationale    La météo pour ce samedi 22 février    Fraude aux visas : Un réseau de piratage informatique démantelé    Mortalité routière. L'Afrique déplore le plus de victimes au monde    Enseignement supérieur : pourquoi les réformes pèsent-elles sur les épaules des enseignants ?    Cinéma : pour saluer Souleymane Cissé    Cinéma : dans "Mercato", Jamel Debbouze ne rigole pas    Les Pays-Bas vont restituer 119 bronzes du Bénin au Nigéria    MEF : hausse de 24,6% des recettes fiscales à fin janvier    Oujda : Lancement du projet d'aménagement de la forêt urbaine de Sidi Maafa    RDC : le HCR demande 40 millions de dollars pour aider les civils fuyant les violences    Ligue Europa :Youssef En-Nesyri contribue à la qualification de Fenerbahçe    Disponibilité du poisson au Maroc : 35% des Marocains estiment qu'il est moins disponible    Théâtre Mohammed V : Les artistes marocains du monde à l'honneur    Violation des sanctions américaines : une cargaison secrète de pétrole algérien arrive à Cuba    Le roi Charles III décore une infirmière britannique pour ses efforts en faveur des victimes du séisme survenu au Maroc    Clôture du 15e édition de l'exercice multinational Cutlass Express : participation exemplaire du Maroc    Le Maroc remet en liberté l'activiste ouïghour menacé d'extradition vers la Chine    Signature d'un contrat avec une entreprise chinoise pour un projet majeur de dessalement d'eau de mer au Maroc    Sitail échange avec les étudiants de l'Université Paris Dauphine–PSL sur les perspectives de développement au Maroc    Alex Pinfield, nouveau ambassadeur du Royaume-Uni au Maroc, succède à Simon Martin    Un Marocain soupçonné du meurtre de sa conjointe transgenre en Thaïlande arrêté en Turquie    Xi Jinping appelle à un développement sain et de qualité du secteur privé    France 24 dénonce l'implication de l'Algérie dans la désinformation médiatique contre le Maroc    Qualifs. Afrobasket 25 : L'équipe nationale s'incline en ouverture    Tiznit : livraison du stade de la Marche-Verte après sa rénovation par la FRMF    La signature marocaine, référence internationale de la légitimité de la diversité et de l'altérité (André Azoulay)    L'Humeur : Quand le CCM se ligue contre les festivals    Une cache d'arme découverte dans une zone montagneuse ayant servi de base arrière à la cellule terroriste démantelée mercredi au Maroc    Botola D1/J22: Le champion '' officieux'' face au premier ''potentiel'' barragiste en ouverture, ce vendredi !    Aicha BELARBI : La féministe de la parité en suspens    Doukkala : L'effet bénéfique des pluies sur l'esprit humain    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Fès : Un réseau d'avortement clandestin démantelé
Publié dans L'observateur du Maroc le 02 - 12 - 2024

L'affaire a éclaté après la saisie d'une cinquantaine de comprimés abortifs interdits, trouvés en possession d'une femme. Cette découverte a aussitôt déclenché une enquête approfondie, menée par les services de police de Fès, et qui a permis l'identification et l'arrestation de huit suspects. Parmi eux, une infirmière opérant dans un centre de santé local, accusée d'avoir utilisé ces substances pour effectuer des avortements, ainsi qu'un herboriste qui était en possession de produits prohibés.
La perquisition effectuée au domicile de la première prévenue a révélé des preuves accablantes : matériel gynécologique, certificats médicaux, échographies, des sommes d'argent soupçonnées de provenir de ces activités illicites en plus des comprimés qu'elle fournissait à l'infirmière et à l'herboriste.
Présentés au parquet, deux des suspects ont été placés en détention provisoire tandis que les six autres sont poursuivis en liberté conditionnelle, dans l'attente des résultats de l'enquête. Toujours en cours, cette dernière vise à démanteler l'ensemble du réseau et à identifier d'autres éventuels complices.
800 avortements par jour
Cette nouvelle affaire relance le débat sur le droit à l'avortement et dépénalisation pour couper le chemin aux réseaux d'avortement clandestin. Les enjeux sanitaires, sociaux et juridiques illustrent les limites d'un cadre légal incriminant qui pousse de nombreuses femmes à recourir à des pratiques clandestines hautement risquées.
Pour rappel, au Maroc, entre 500 et 800 avortements sont pratiquées tous les jours dans l'illégalité. Une situation qui met en danger la vie de milliers de filles et de femmes obligées de se faire avorter dans la clandestinité et dans des conditions désastreuses. Le responsable de ce drame qui se renouvelle au quotidien ? Les activistes féministes pointent du doigt une interdiction légale anachronique qui ne suit nullement l'évolution de la société marocaine.
« Si l'avortement médicalisé est réglementé, nous allons éviter de générer des phénomènes sociaux annexes tels les mères célibataires, les enfants de la rue, les bébés abandonnés, les bébés vendus ou jetés dans les poubelles. Maintenir ce type de loi en flagrant décalage avec la réalité sociale est une manière de se voiler la face », déplore Bouchra Abdou directrice de l'ATEC (Association Tahadi pour l'égalité et la citoyenneté) en défendant le droit de disposer de son corps. Un droit qui devrait sauver les vies fauchées par un trafic inhumain profitant de leur vulnérabilité.
Tragédies
Sans autre recours, de nombreuses femmes et filles se tournent vers des prestataires clandestins pour mettre fin à une grossesse non désirée dans des conditions désastreuses. Meriem, 14 ans et morte lors d'un avortement clandestin à Midelt en 2023. Quelques mois après, une autre jeune femme succombe à Inezgane Ait Melloul, entre les mains d'une guérisseuse.
Des cas parmi des centaines de femmes confrontées, sans défense, à une loi incriminante et une société sans tolérance pour les mères célibataires. « La fille d'Inezgane et avant elle Meriem et bien d'autres femmes ont perdu leur vie, ont souffert de graves séquelles suite à des avortements clandestins à cause d'une loi inadaptée et incapable de suivre l'évolution de la société marocaine », dénonce la Fédération des ligues des droits des femmes dans un communiqué réclamant le droit et la liberté de choix des femmes.
« Des drames qui sont pourtant évitables si la loi marocaine n'incrimine pas l'avortement », s'insurge la FLDF. La fédération rappelle que la décision d'avorter est une affaire personnelle qui peut être motivée par plusieurs raisons mais qui peut sauver des vies et éviter des destins tragiques si toutefois l'avortement est pratiqué « en toute légalité et dans des conditions médicales convenables et dans le respect du libre arbitre des femmes concernant leur corps », insiste la fédération.
Article 490, encore et toujours
Au-delà du droit à un avortement médicalisé sécurisé, les activistes féministes remontent à « la source du mal » et renouvellent leurs doléances par rapport au respect des libertés individuelles. « Une réforme du Code pénal s'impose en urgence avec une reconsidération des libertés individuelles, la dépénalisation des relations hors mariage tout en garantissant l'égalité entre les sexes et le respect de la dignité des femmes », renchérit Bouchra Abdou. Un débat épineux qui met l'article 490 du code pénal au centre de la problématique. Incriminant les relations hors mariage, il constitue l'un des obstacles majeurs à la légalisation de l'avortement.
«On n'arrête pas de réclamer par tous les moyens légaux possibles l'abolition des ces lois moyenâgeuses », proclame Narjiss Benaazzou, présidente du Collectif 490, au lendemain de la mort de Meriem. Le collectif Hors la loi dénonce par ailleurs des lois limitant l'accès à la justice. « Elles sont nombreuses les victimes qui n'osent pas dénoncer leurs violeurs. Selon l'article 490, la victime d'un viol risque elle-même d'être poursuivie en justice pour relations sexuelles hors mariage », déplore la présidente du collectif 490.
L'article controversé stipule en effet que sont passibles «d'emprisonnement d'un mois à un an toutes personnes de sexe différent qui, n'étant pas unies par les liens du mariage, ont entre elles des relations sexuelles». Le collectif Hors la loi, a déjà adressé une lettre ouverte, fin 2021, au ministre de la justice Abdellatif Ouahbi pour l'abrogation définitive de cet article « pour mettre fin à l'hypocrisie régnante, fruit du décalage entre la société marocaine actuelle et la justice qui la régit » réclame le collectif.
Changement au ralenti
Exprimant sa frustration face à la lenteur du changement législatif, le mouvement HIYA s'insurge, de son côté, contre les conséquences dramatiques des lois restrictives sur la santé des femmes. « En particulier la pratique généralisée des avortements clandestins et dangereux, qui coûtent des milliers de vies chaque année », note le mouvement Hiya qui regroupe plusieurs associations des droits des femmes et de l'Homme. Se joignant aux autres activistes féministes, HIYA réclame de mettre fin en urgence à la « discrimination légale et promouvoir l'égalité pour tous les citoyens, indépendamment du genre » en appelant à l'abrogation de l'article 490.
Nullement satisfait des « progrès réalisés », comme l'examen par le gouvernement d'une nouvelle loi autorisant l'avortement dans certaines circonstances, les activistes De Hiya estiment que cette réforme est insuffisante et appellent à des changements plus larges, plus profonds et plus inclusifs pour protéger les droits des femmes.
Pour l'ATEC, la loi doit impérativement respecter le droit à l'avortement et le libre choix des femmes pour arrêter l'hémorragie. « Ceci doit être valable que ça soit dans le cadre de relations officielles ou celles hors mariage, dans une approche profondément humaine. L'important c'est de préserver la santé de la femme qu'elle soit physique ou mentale tout en protégeant son droit à la vie », conclut Bouchra Abdou.


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.